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http://www.chroniquesdunecinglee.com/wp-content/uploads/2014/10/Bad-Girl.jpegBad girl. Mauvaise fille. Fille non désirée surtout.

Voilà ce qu’est Dorrit pour sa mère Allison. Une grosse non désirée, résultat d’une soirée un peu trop arrosée. Dorrit, c’est Nancy Huston. Nancy Huston qui parle à Dorrit, qui n’est pas encore une personne, mais un fœtus qui s’accroche. Huston raconte dans ce livre sa vie, et explique à Dorrit tout ce que l’histoire de ses parents, ses aieux va avoir comme impact sur sa propre vie…et son avenir d’écrivaine.

Huston use d’une langue précise, parfois tranchante pour évoquer ces histoires, son histoire, mais aussi ses inspirations. Avortement, éducation, place de la femme, de nombreux thèmes sont évoqués, certains, à mon sens, trop sommairement. Mais avec Bad Girl, nous suivons l’apprentissage de Dorrit, la douleur d’avoir une mère elle-même confinée dans un rôle qui ne lui convient pas et qui vous brinquebale d’un lieu à l’autre. Sans se soucier de vos états d’âme d’enfant. Dorrit qui va donc s’inventer des personnages avec qui dialoguer, se plonger dans le monde des livres…et poser les fondations de sa carrière de romancière dont l’obsession première est la famille. De quel autre sujet un romancier peut-il bien parler, s’interroge d’ailleurs l’auteure ?

C’est très intéressant de suivre un parcours littéraire et humain. Car si cet ouvrage a pour sous-titre « classes de littératures », il ne se limite pas à un parcours d’écrivain, mais bien un parcours de femme. Une femme qui dut se construire avec une mère absente émotionnellement puis physiquement. Amputée de cette figure parentale, elle grandira envers et contre tous, utilisant l’écriture comme une arme, les mots comme fondation de son être.

Très intéressant, mais trop court !

Quelques citations:

« Hélas, tandis qu’on élevait des filles à la fois comme filles et garçons, on continuait à élever les garçons comme des garçons. »

 

« Sur le moment tu meurs. La rage d’Alison te stupéfie, arase ton être, te réduit en cendres. »

 

« Quelles empreintes as-tu reçues d’Alison avant que tu ne sois toi, quand ton corps était encore mêlé à son corps ? »

 

« La nature de la Femme est d’être coupable. Elle est coupable rien qu’en étant là (jeune et attirante) un festin interdit pour les yeux des hommes. »

 

« Tu supporteras des hommes de toutes sortes, y compris la pire : d’épais malotrus qui blablatent, salivent, balivernent et t’envahissent de leurs paroles, tu les supporteras parce que, tout en souriant et en hochant la tête, tu enregistres leur comportement, certaine de prendre un jour en les transformant en personnages. Ecrivant, c’est toi qui auras le dessus, toi qui les manipuleras comme des marionnettes, toi qui décideras quand ils doivent l’ouvrir et la fermer. »

 

« Ecrire reflètera ton besoin de gouverner seule. »


« Plus jamais tu ne prêteras foi aux apparences harmonieuses.

Quatre-vingt-dix pour cent de ton œuvre littéraire est contenue dans ce seul après-midi., un peu comme l’énergie nucléaire est compressée dans une bombe atomique. S’ensuivra une longue, lente, et silencieuse explosion de mots, avec d’infinies tombées radioactives. »

 

Merci infiniment à ALaure qui m'a offert cet ouvrage. Lu dans le cadre de notre club Lire et Délires qui portait cette fois-ci sur Nancy Huston.

Autre livre chroniqué de cette auteure: Lignes de faille (à lire absolument!)

A lire aussi sur les rapports mère/fille: Filles impertinentes de l'excellente Doris Lessing.

Tag(s) : #Ma bibliothèque
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