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Nous sommes en 1634. Dégoûté par le manque d'honneur des hussards polonais au sein desquels il s'est engagé, Karlis, d'origine lituanienne, déserte et rejoint les Cosaques.

Pour remettre un petit peu de contexte historique, à l'époque, au milieu du 17ème siècle donc, l'Europe orientale est en grande partie sous le contrôle de la République des Deux Nations. Il s'agit de l'alliance entre la Pologne et le Grand-duché Lituanien. Deux autres puissances ont des convoitises sur la région: la couronne de Suède ainsi que l'empire russe naissant. Ivan IV avait été couronné tsar un siècle plus tôt. Et les Cosaques dans tout ça?

Les premières références aux Cosaques remontent au 13ème siècle. D'abord bandes nomades, mercenaires au service de seigneurs, ils se structurent en plus ou moins petites communautés. On y retrouve des rebelles, des pauvres et autres exilés fuyant le servage. Les Cosaques s’installent dans la région de Zaporizhia, d’abord sous contrôle du Grand-Duché Lituanien, puis la zone est annexée par le royaume de Pologne. En échange d’une certaine autonomie, les Cosaques assuraient la défense militaire contre les raids des Ottomans ou des Tatars de Crimée. Les Cosaques sont une figure majeure de l'identité ukrainienne.

Retour à cet album écrit par Vincent Burgeas et dessiné par Ronan Toulhoat et Yoann Guillot. Le jeune Karlis qui s'avère être fort courageux et droit dans ses bottes (ah ah!) n'est pas accueilli bras ouverts par les Cosaques. Il faut la persuasion du vieux Sachko auprès de la rada (l'assemblée des cosaques) pour convaincre les autres membres de la sitch (communauté). Son intégration est d'autant moins évidente qu'il est donc un ancien hussard, soldats aux ordres des Polonais haïs des Cosaques, et qu'il est poursuivi par son ancien capitaine au sein des hussards qui n'a de cesse de se venger de sa trahison.

En deux tomes, nous suivons donc le parcours de ce jeune soldat qui se destinait à la prêtrise avant que son frère aîné ne meure et qu'il doive donc prendre sa place comme hussard, mais dont la conscience ne peut s'accommoder des massacres perpétrés. Face à lui, des Cosaques un peu (beaucoup) brut de décoffrage, à la société à la fois structurée et en même temps assez libre et égalitaire. Un "brin" misogyne cependant, puisque les femmes ne sont pas acceptées au sein du camp et a fortiori au sein de la rada.

Dans ce récit, on comprend un peu la fonctionnement de cette communauté qui se veut libre de toute attache, même si certains préfèrent être dans les clous et devenir cosaques enregistrés, c'est à dire mercenaires officiels et salariés de la République des Deux nations. Ils sont d'ailleurs méprisés (et enviés aussi, car ils sont bien plus à l'aise financièrement) par les cosaques non enregistrés.

Bien entendu, comme tout bon récit d'aventure avec un héros plutôt assez bien de sa personne, il y a une femme dans l'histoire: Zahra, une Tatare qui a refusée d'être mariée de force et que Sachko a pris sous son aile. Moyen d'insérer les Tatars dans le récit, et aussi d'évoquer en creux la place des femmes dans les deux sociétés.

J'ai quand même un peu tiqué sur le fait que Karlis, au moment où il déserte, arbore déjà la coiffure typique des cosaques: la tête presque entièrement rasée mis à part une longue mèche. Or cette coiffure n'est l'apanage que des cosaques ayant fait leurs preuves sur le champ de bataille...

Les Cosaques est magnifiquement dessinée et colorisée, dans la grande lignée des bandes dessinées d'aventure, fort agréable à lire, même si elle n'est pas exempte de quelques défauts. IL devrait y avoir d'autres tomes apparemment.

Une interview des auteurs à lire ici.

Les Cosaques - Brugeas, Toulhoat  & Guillo
Les Cosaques - Brugeas, Toulhoat  & Guillo
Tag(s) : #Ma bibliothèque, #BD, #Ukraine
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