Dans le Cambodge ravagé par la guerre civile, un jeune garçon, Aki Ra, doit prendre les armes. Il a 10 ans. Enfant soldat est le récit véridique de la vie de cet enfant soldat, devenu un homme dévoué à la lutte contre les mines anti-personnelles.
Deux tomes pour nous décrire de manière assez pudique, on le comprend, la vie terrible de la population cambodgienne sous la tyrannie sanglante de Pol Pot et de ses Khmers rouges. Le déplacement forcé des citadins vers les campagnes, le travail forcé jusqu'à épuisement total, les tortures, les exécutions sommaires où les proches des victimes doivent sourire, applaudir et dire merci (!). Avec Aki Ra, garçon orphelin qui tente de survivre tant bien que mal, peut-être plus malin que la moyenne, en tout cas très habile pour chasser et cueillir des fruits dans la jungle sans se faire attraper, nous découvrons les souffrances d'un peuple.
La guerre civile, dans laquelle le voisin vietnamien honni s'est impliqué, ravage le pays. Rapidement, Aki Ra va devenir poseur de mines, avec d'autres enfants. Toutes les nuits, il en pose, par dizaines, par centaines. Au fil des ans, il devient un soldat habile. Quand son secteur passera sous contrôle vietnamien, il deviendra membre de l'armée vietnamienne... découvrant que ces derniers ne sont pas des monstres sanguinaires. Cependant, les vietnamiens n'auront aucun scrupule à employer des enfants soldats...
Par la suite, Aki Ra, une fois la paix revenue, créera son propre musée des mines pour sensibiliser autant les autochtones que les visiteurs sur les dangers que représentent ces armes qui, aujourd'hui encore, font des victimes. (Et l'on pense bien sûr, à toutes les mines posées en Ukraine actuellement).
Enfant soldat est une lecture très intéressante sur cet aspect terrible des conflits: l'enrôlement des enfants dans les armées et les ravages causées par les mines, des décennies après la fin du conflit. Le déminage continue.
"Quelques 1.118.693 mines antipersonnel, 25.918 mines antichars et 2.977.267 restes de REG, y compris des munitions à fragmentation, ont été découverts et détruits [entre 1992 et 2021], alors que le nombre de victimes a considérablement diminué, passant de 4.320 personnes en 1996 à seulement 44 en 2021." (source)