
Le style d'Efstathiadi, au contraire, sort de l'ordinaire et est excellent: fluide, vif, un brin moqueur, il se particularise par de longs paragraphes sans point, seulement des virgules, qui m'ont donné la curieuse impression, au tout début de la lecture, de m'essoufler. Je ne lisais pourtant pas ce roman à voix haute, mais vraiment, j'ai eu cette drole d'impression. Et ce style si particulier de l'auteure colle parfaitement à son mode de narration. Ce n'est pas A. qui nous conte son histoire, ce n'est pas un narrateur omniscient, c'est Nous. Les collègues de travail, compatissants, un brin jaloux, souvent de mauvaise foi. Et du coup, le côté "je déballe tout sans prendre le temps de respirer" rend superbement les papotages, les ragots qui se veulent bien intentionnés mais ne sont que l'expression d'un plaisir un peu pervers dans le malheur des autres et se déroulant inévitablement dans un bureau. La deuxième partie du roman, beaucoup plus courte que la première, donne la parole à l'amant inconnu du téléphone. Dont, au moment où il prend la parole, on sait déjà pourquoi il s'en tenait aux relations anonymes. Dans ces dernières pages du roman, l'amant explique sa vie, et comment il en est arrivé à téléphoner à A.
Je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de ceux/celles qui souhaiteraient lire ce roman superbe, plein de délicatesse mais aussi de lucidité sur la norme, les moeurs, la difficulté d'aimer et d'être aimé, que je vous recommande vivement.
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