Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les chevaux de feu - Kotsioubynsky/Paradjanov

Dans le cadre de mes découvertes ukrainiennes, parce que l’œuvre était citée dans un article sur lequel j'avais travaillé pour un site ukrainien, j'ai lu puis vu Les chevaux de feu. Apparemment un monument de la culture ukrainienne.

Tiré d'une nouvelle de l'Ukrainien Mikhaïlo Kotsioubynsky, décrite comme l'un des chefs d’œuvre de la littérature ukrainienne et intitulée Les ombre des ancêtres disparus, le film Les chevaux de feu, de Sergueï Paradjanov (né à Tbilissi mais manifestement d'ascendance arménienne, puisque son nom non russifié est Paradjanian) est considéré lui aussi comme un chef d’œuvre du cinéma, tourné en 1964. (Je vais utiliser le titre original pour parler du livre, et  Les chevaux de feu pour parler du film, ça évitera les confusions).

Quand je me suis penchée sur Les ombres des ancêtres disparus (1910), j'ai lu que c'était un Roméo et Juliette version ukrainienne, les amours contrariées et tragiques de Maritchka et Ivan, issus chacun de familles ennemies depuis si longtemps que plus personne ne se souvient du motif de la discorde. Je m'attendais donc à quelque chose de  mouvementé, de violent comme du Shakespeare : des bagarres entre familles, de grandes tirades etc. Hormis lors de la rencontre entre Ivan et Maritchka enfants (où il la gifle alors qu'elle s'abritait derrière une charrette lorsque les deux familles en étaient venues aux mains), et la mort du père d'Ivan tout reste presque en hors champ. Bon, je vous l'accorde, la mort du père, tué par un membre de la famille de Maritchka, c'est très R & J, mais bizarrement cela m'a fait peu d'effet. Je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être (certainement même!) mon état d'esprit du moment (en même temps, j'écris ce billet plus d'un mois après la lecture... alors sur certains points c'est un peu flou).

Cependant, ce court texte (moins de 100 pages) est une magnifique description des coutumes des Houtsoules, ces habitants des carpates ukrainiennes. J'ai également beaucoup apprécié les pages sublimes sur la description de la nature: les montagnes, les champs, la vie dans les estives, les rivières...tous plus ou moins habités par les esprits. Il y a ainsi beaucoup de surnaturel dans Les ombres des ancêtres disparus, aspect qui disparaît quasiment totalement du film. Les ombres des ancêtres disparus est un hommage à ce peuple Houtsoule, à cette terre sauvage, hostile et nourricière à la fois, des carpates. J'ai été touchée bien sûr, par l'amour pur entre Maritchka, qui chante de si belles chansons, et Ivan le berger qui ne se remettra jamais de sa mort, mais je n'ai pas été emportée.

Dans le film, Les chevaux de feu, Sergueï Paradjanov propose un film dans un style (soviétique?) qui ne me touche absolument pas. On y retrouve d'ailleurs certains des défauts des films de cette époque dont un manque de naturel des acteurs et actrices, quelque chose de presque mécanique, calibré. En tout cas c'est ainsi que je l'ai ressenti, hormis quelques plans où par contre, les visages et les regards disent tout le désespoir de l'amour contrarié. (j'ai lu d'ailleurs que cette histoire fait douloureusement écho à la vie même du cinéaste puisque son grand amour, une femme d'origine Tatare, fut tuée par sa famille pour l'avoir épousé, lui un homme hors de sa communauté) De même, j'ai peu goûté le maquillage (on a l'impression que c'est fait à la truelle!). Cependant, il faut rendre à Sergueï ce qui lui appartient: les décors et la reconstitution (habits, rituels) sont magnifiques. Comme je le disais, il y a certaines choses qui diffèrent des Ombres, des ellipses, pourtant le film est assez long pour l'époque. Manque notamment toute la partie sur les "interactions" d'Ivan avec les esprits de la nature, qui pourtant étaient une part importante du personnage.

Au final, c'est une semi-déception mais une belle découverte (vous allez dire que je suis un peu tordue, hein!) que ces Chevaux de feu. Je pense que pour le côté grand classique ukrainien, description des traditions Houtsoules et pages sur la nature, la nouvelle vaut vraiment la peine d'être lue. De son côté, le film est une vraie expérience cinématographique (un peu comme ce que j'ai vécu avec les Contes cruels du Bushido): je ne peux pas vraiment dire que j'ai aimé, mais je suis heureuse de l'avoir vu. (la bande annonce ci-dessous ne doit pas vous effrayer: ça n'est pas ça dans le film!!)

Une participation au mois de l'Europe de l'est d'Eva, Patrice et Passage à l'est.

 

Tag(s) : #Ma bibliothèque, #Petit & grand écran, #Ukraine
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :