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Ovidie, vous en avez peut-être déjà entendu parler, c'est une ancienne actrice de films X. Elle s'est aujourd'hui tournée vers la réalisation, mais a aussi publié des livres (Osez le point G, La Musardine, par exemple) et a son propre blog avec Ticket de métro (très intéressant d'ailleurs).
Dans A quoi rêvent les jeunes filles, diffusé sur France 2 dans Infrarouge (excellent magazine docu) Ovidie examine l'influence d'internet sur la sexualité féminine de ce que l'on appelle la génération Y. Celle qui a toujours connu internet. Internet et l'équivalent X de la plateforme vidéo YouTube, j'ai nommé YouPorn. L'époque est-elle vraiment à plus de liberté sexuelle, moins de tabous pour ces jeunes filles/femmes? Quelle est leur relation au sexe, au corps?
Pour répondre à ces questions, Ovidie interroge Clarence, journaliste et blogueuse; Ortie, artiste; Ariane, rédactrice au Tag Parfait; Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale du Planning Familial ; Mar_lard, gameuse, et Michel Bozon, sociologue.
De fait, si dans les années 50/60 la ménagère parfaite, souriante et au petit soin était le must en matière de femme, la société occidentale des années 2000-2010 impose désormais la liberté sexuelle et vous enjoint, vous femme, d'être si ce n'est une bête de sexe, du moins d'avoir un large répertoire en la matière. Société hypersexualisée, il n'y a qu'à voir les pubs qui passent à longueur de journée à la télé ou affichées en 4x3 au bord de nos routes, corps parfaits, sans bourrelets ni poils disgracieux: la femme moderne a donc troqué ses ustensiles de cuisine contre l'épilateur et le godemiché. On est ainsi scotché quand une esthéticienne affirme que la plupart des hommes de 25 ans et moins n'ont pour ainsi dire jamais vu un sexe féminin à l'état "naturel".
Les femmes parlent beaucoup plus de sexe. Les magazines font environ, allez, 10 dossier par trimestre sur telle ou telle pratique ("rendre son mec fou au lit en 10 leçons" ou encore "Fellation, le ciment du couple", merci ELLE!). Mais est-ce vraiment une liberté? Quand l'injonction, plus ou moins pernicieuse, d'être "ouverte" question sexe, parfaite corporellement (lisse, donc et sans rien qui dépasse, ah la nymphoplastie!!!) est totalement intégrée par la femme, cette dernière est-elle vraiment libre de ses choix en matière d'esthétique et de comportement sexuel?
Ce serait tellement facile! Comme le dit for justement Ortie, "Les gens qui décrient le porno parce qu’il montre une image de la femme soumise, j’ai envie de leur dire : allumez la télé, regardez les pubs, on n’a pas besoin du porno pour avoir l’impression que les femmes doivent être soumises et qu’elles sont complètement chosifiées (sic).Si on s’en prend au porno, comme on s’en prend aux jeux vidéo pour la violence, c’est juste parce qu’on a besoin d’un bouc émissaire pour dire « ah ben ça, c’est ce qui a amené ça dans la société », alors qu’au final, c’est la société qui a créé ça ! Mais se remettre en question au niveau de la société, c’est compliqué. Taper sur ce sur quoi tout le monde tape déjà à la base, c’est plus simple. "
Car ne voit-on pas trop souvent ce sexisme omniprésent? Le porno n'en étant finalement que la manifestation la plus... graphique? Tout le passage sur la misogynie dans le milieu des jeux vidéos est sans surprise mais effarant quand même. Le but d'Ovidie était d'ailleurs de montrer que c'est la société dans son entier qui transmet des normes et des habitudes objectivant le corps féminin, standardisant les comportements (homme et femme).
Evidemment en 50 minutes, difficile de parler de tout de manière pas trop superficielle. Le point négatif du documentaire serait peut-être la "blancheur" des interviewés, toutes diplômées. Un panel un peu plus large aurait été intéressant et surtout pertinent sociologiquement.
Lire l'interview d'Ovidie dans L'express.