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Des récits, des souvenirs pour être plus précise. Voilà ce qui compose Sur la scène intérieure de Marcel Cohen. Sa famille a été "raflée" durant la seconde guerre mondiale. A partir de petits objets, de lettres, de photos, il fait revivre le temps d'un texte bouleversant, Marie, Monique, Sultana ou encore Jacques.
Il y a quelque chose de terrible dans ce texte où pas un moment Marcel Cohen ne cherche à tirer une larme à son lecteur. Sous la distance, on sent l'homme mais aussi et surtout l'enfant qui fut miraculeusement sauvé de la barbarie. Au-delà d'une histoire familiale qui en rappelle tant d'autres dans ce sombre épisode de la guerre, Marcel Cohen fait revivre une communauté, les Juifs turcs, descendants des populations chassées par la Reconquista espagnole menée par Ferdinand et Isabelle. Pour beaucoup, ils furent francophiles, nombreux sont ceux qui comme la famille de l'auteur virent en France chercher une vie meilleure. Cohen rappelle qu'avec le génocide des Juifs, presque l'entièreté de cette communauté fut rayée de la carte, faisant de la langue judéo-espagnole, une langue morte.
Par des détails, des objets, des impressions enfantines confrontées à l'expérience de l'adulte, Marcel Cohen propose une réflexion passionnante et émouvante sur le souvenir et la mémoire. Comment les objets renferment une foule de souvenir, comment une odeur réveille une émotion. Une fenêtre ouverte accentue la perte.
Un ouvrage lu en une soirée, tant il me fut impossible de le lâcher. Il y a, malgré l'écriture ouvertement factuelle, une émotion qui affleure en permanence sans jamais parasiter le propos. A lire absolument! Merci à Keisha pour cette superbe lecture.