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Lorsque la police française fait irruption dans leur appartement en pleine nuit, Sarah enferme son petit frère dans un placard et emporte la clé, persuadée qu’elle reviendra le libérer très vite. Mais elle fait partie des milliers de juifs arrêtés lors de la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942.

http://www.livredepoche.com/photos-couvertures/LgfLivreDePoche/2008/9782253122081-G.jpgSoixante ans plus tard, Julia Jarmond, journaliste d'investigation, retrouve sa trace. Dès lors, le visage de la petite fille ne la quitte plus. Contre l'avis de son mari – dont la famille cache un terrible secret –, elle veut à tout prix savoir ce qu’il lui est arrivé. La petite Sarah a-t-elle survécu ? Vit-elle peut-être encore ?

Alors, voilà, je vous préviens tout de suite, ce billet contient des traces de spoilers (et pas que des traces) et de jurons (pardon, maman). Et je sais déjà que je risque de m’attirer des coms sanglants.

Bref, lançons-nous. Entre ce roman et moi, tout à mal commencé. La faute à une accumulation de clichés en veux-tu, en voilà pendant les premiers chapitres : la gentille Julia, Américaine, blonde, élancée, sportive, mariée à « l’archétype » du Français – et là, ce sont mes mots, ce que j’ai ressenti à la description qu’on (Julia) en fait dans le roman- un gros connard égoïste et m’as-tu-vu, victime, of course, de la crise de la cinquantaine et qui trompe sa femme avec Amélie, la femme parisienne ultime (parfum capiteux, appart ultra moderne etc) mais qui est un sacré bon coup (eh oui, messieurs, sachez-le, un bon coup, ça rattrape pas mal de choses) ; la belle famille bourgeoise coincée, avec les belles-sœurs qui fument et bronzent seins nus autour de la piscine, les amis gays et forcément… fashion victims, etc, etc, etc. Tout ça, évidemment, avec un profil psychologique de l’épaisseur de papier à cigarette.

Mais quand même, malgré ces personnages, j’ai lu le livre presque d’une traite car l’écriture de T. de Rosnay est agréable. Surprenant, non ? Moi aussi, cela m’a étonnée.

Revenons à l’histoire. Qui fait un aller-retour quasi incessant jusqu’à plus de moitié du roman, et nous raconte donc l’histoire de Sarah, depuis le petit matin fatidique du 16 juillet 1942, jusqu’à son retour à l’appartement familial de Paris pour trouver le cadavre de son petit frère. Evidemment, vous vous doutez bien que les deux histoires sont liées. Et même sans avoir lu la 4ème de couverture (comme moi, si, si, je vous assure), dès le second chapitre, on sait exactement le lien entre les deux histoires ; Donc pour le suspense, on repassera. Pour la leçon d’histoire aussi. Enfin, en ce qui me concerne. Car j’ai étudié au lycée la rafle, je savais tout ce que le roman raconte de cette période.

Par moments, on trouve des pages émouvantes, intéressantes, surtout quelques passages vers la fin, quand la belle-famille est divisée entre ceux qui veulent que le passé reste dans le passé, et ceux qui soutiennent au contraire Julia dans sa démarche. Et c’est probablement très représentatif de la société française, passée et présente. Mais revenons à Julia, et sa démarche justement. Happée apparemment par le destin de Sarah, elle n’a cesse de retrouver cette petite fille devenue femme, multipliant les voyages : Etats-Unis, Italie, où elle finit par trouver William, le seul fils de Sarah… Julia m’a semblé presque égoïste dans sa manière de faire, dans sa poursuite de la vérité. Elle balance tout à William, alors que celui-ci ne savait rien de l’histoire de sa mère. Elle arrive tel le vengeur masqué ; pour faire la lumière sur la vie de cette femme sans se demander une seconde ce que ses actions peuvent avoir comme conséquence sur les autres.

« Je désirais plus que tout montrer à cet homme à quel point tout cela comptait pour moi, à quel point ce qui était arrivé à sa mère avait changé ma vie ». « Je m’aperçus que j’aurais voulu le voir s’effondrer […] Pourquoi ? Sans doute parce que j’avais moi-même besoin de me libérer, de pleurer pour évacuer la douleur […] » p368.

« J’ai besoin de savoir si ce que j’ai fait l’a aidé. Est-ce trop demander ? » (p388)

Et tout nous ramène à elle, Julia. Et c’est d’autant plus prégnant, dans mon ressenti du moins, que le récit est à la première personne…Julia nous raconte sa vie, sa quête, ses soucis quotidiens avec son vilain mari français, avec ses blagues lourdingues sur les Américains, qui lui demande en plus d’avorter parce qu’il ne se voit pas être de nouveau père à 50 ans. Et quant elle appelle cet enfant, Sarah...pfiouuu

Au final, malgré le style très agréable de l’auteure (la preuve, j’ai fini le roman) et si  la lecture ne fut pas déplaisante, je trouve deux gros défauts à l’œuvre: les personnages, et l’Histoire : les deux sont peu/mal exploités. Et c’est fort dommage, d’une part car c’est un sujet terrible, qui est trop longtemps resté dans le silence et les ombres du passé, et d’autre part parce qu’un roman, c’est d’abord, à mon sens, des personnages intéressants et une intrigue bien ficelée.  

 

Enfin, si Elle s’appelait… a permis cependant à des lecteurs d’apprendre ce qu’il s’est passé ce 16 juillet 1942, ce sera déjà bien.

 

Caro[line], Cuné,  ont beaucoup aimé  et tellement d'autres, avec toujours des critiques unanimes et ultra élogieuses, que je me suis dit que je devais soit avoir lu un autre livre, soit que j'avais un coeur de pierre, mais sur le Biblioblog, certains avis rejoignent le mien: ouf, je ne suis pas un monstre à sang froid ;)

 

Tag(s) : #Ma bibliothèque
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