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J'ai appris hier soir, en revenant du fameux spectacle dont je parlais dans mon précédent article, que Morten Jensen, accusé d'homicide volontaire sur sa femme, avait été acquitté.
En toute conscience, il est clair pour moi qu'il s'agissait bien d'un acte de compassion, comme on dit. Cette femme, rongée par le cancer, n'avait plus, selon les experts, que quelques jours à vivre, et encore, dans la douleur... Bien évidemment je ne condamne pas ce geste qui a dû être, pour le mari, terrible. Au contraire. Ce que je condamne aujourd'hui, c'est la lâcheté des politiques qui ont mis les jurés dans une position intenable.
Logiquement, un juré doit donner son avis en conscience et en droit. Or, ici, droit et conscience ne font pas bon ménage. En droit, le geste de donner la mort est interdit; en conscience, qui reprochera à cet homme d'avoir voulu soulager la femme qu'il aimait? Personne. Et c'est bien là le problème, car ce faisant, les jurés ont passé outre la loi et le droit.
Il s'agit d'une décision grave. Et qui n'est pas sans poser la question de la validité d'un tel jugement. Quel crédit donner à une justice qui ne suit pas la loi? Mais si l'on suit la définition philosophique du terme "justice", pour laquelle la notion de morale et surtout l'idée de "donner à quelqu'un ce qu'il mérite" confèrent à ce mot une tout autre signification que celle de la simple appliquation de la loi. Ce sont donc deux "justices" qui s'affrontent. Cela ferait un sujet de philo mémorable et particulièrement intéressant, mais ici en l'occurence, il s'agit de la réalité, de vies humaines et de la loi de la République.
J'espère que les politiques, pour une fois, saisiront l'opportunité qui leur a été - mal- donnée de considérer la question de l'euthanasie et de la loi actuelle. Bien sûr, je n'ai pas la naïveté de croire qu'une loi pourrait tout résoudre. Evidemment pas. Mais l'hypocrisie régnante qui consiste à acquitter une personne d'un crime au sens juridique qui n'en est pas un au sens moral doit prendre fin.