1788. Le roi George III règne sur le Royaume uni. Malheureusement, il a perdu les colonies américaines...ne lui en parlez surtout pas! Mais le plus grave est à venir: le roi perd de sa majesté, il débit des énormités à la pelle, court en chemise de nuit dans les jardins de Windsor à 4h du matin, se jette sur la duchesse de Pembroke etc. Le roi est-il fou?
Cela arrangerait en tout cas les affaires de son fat et indolent fils aîné le prince de Galles, qui n'attend qu'une chose: récupérer le trône. Car s'il est indolent, le bougre ne l'est plus quand il s'agit de comploter avec le soutien de ses courtisans et de l'opposant à la Chambre, M. Fox.
Nicholas Hytner nous conte, du point de vue du principal intéressé, le roi, cette descente aux enfers de la folie. A une époque où l'on ne peut pas dire que la médecine soit vraiment très avancée. Les médecins sont d'ailleurs représentés pour la plupart comme des sots ou des arrivistes. Certains ne jurent que par les selles, d'autres n'auscultent leur patient qu'en tout dernier recours...car l'examen physique est une intolérable intrusion pour un gentleman!
Adapté d'une pièce de théâtre, La folie du roi George ne brille pas par une mise en scène originale ou inspirée, mais repose essentiellement sur le talent de ses acteurs, Nigel Hawthorne en premier lieu. Il est remarquable en monarque délirant, révolté mais aussi terrorisé par les traitements qu'on lui inflige, tous plus barbares les uns que les autres. De ce point de vue, le film est tout bonnement flippant. A ses côtés, Helen Mirren en reine Charlotte est impeccable, Rupert Everett en héritier avide de pouvoir l'est tout autant. On retrouve également Rupert Graves dans le rôle de l'écuyer, Ian Holm en pasteur reconverti dans la médecine "psychiatrique" (ou la torture, c'est vous qui voyez) ou encore Jim Carter dans le rôle de M. Fox, et aussi onnu pour le rôle de Carson dans Downton Abbey.
La folie du roi George est une réflexion sur le pouvoir et sur la difficile obligation de faire coïncider l'être et le paraître. c'est lors d'une lecture d'une scène du Roi Lear qu'il prend conscience de cet état de fait, de son "dédoublement". George III choisit de jouer la carte du décorum, tandis que la monarchie va se délester du poids des décisions politiques. Hytner observe le jeu des intrigues en sous main, les appétits contradictoires (le prince de Galles veut la couronne, son principal soutien à la Chambre, M. Fox rêve de mettre bas la monarchie).
Il s'avère aujourd'hui que George III souffrait en fait de porphyrie une maladie rare provoquant des urines violettes et des troubles psychologiques. Une maladie qui, d'après des chercheurs britanniques, aurait été aggravé par un empoisonnement à l'arsenic. En effet, le roi était "soigné" avec des doses élevées de tartrate d’antimoine et de potassium. Un médicament apparemment souvent contaminé par l’arsenic, car il coexiste dans la nature avec l’antimoine.
Ma troisième participation au mois anglais millésime 2016 après Mémoires de jeunesse et Peaky Blinders.