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florence aubry la fille du monstre suicide

Dans ce court mais néanmoins fort roman, Florence Aubry nous parle de Tess. Ou plutôt c’est Tess qui nous parle. Elle revient sur un évènement tragique qui a bouleversé sa vie : la tentative de suicide de son père, et les années qui ont suivi.

Dans ce texte qui prend aux tripes, Tess nous raconte les premiers moments, les premiers jours quand elle ne comprend pas ce qu’il se passe, personne ne lui dit rien, sinon que son père a eu un accident de chasse. Ce qui est idiot, il ne chasse pas, pense-t-elle. C'est dans la cour de l'école (elle est en CM2) qu'elle l'apprend, par un camarade de classe.

Quand l’évènement fait le tour du village (rapidement, on s'en doute), elle voit les regards de pitié, et elle entend les paroles chuchotées par les adultes, crachées par les autres enfants, qui se moquent d’elle. Pourquoi la fille du monstre ? Parce que son père a tenté de suicider avec un fusil, et son visage n’en est plus un.

Florence Aubry explore dans ce roman tous les sentiments, les tourments que traverse Tess. C’est un ouragan de sentiments, souvent violents et contradictoires qui déstabilisent cette toute jeune fille puis adolescente. Il y a l’horreur bien sûr, le sentiment de colère et d’abandon vis-à-vis de ce père qui, dit-elle, n’a pas pensé à elle avant de se suicider. La culpabilité aussi, de penser qu’il aurait mieux valu qu’il réussisse, plutôt que de devenir ce monstre. La culpabilité encore : et si elle n’avait pas fait semblant de dormir quand il est venu l’embrasser ce matin-là, aurait-il renoncé à son projet?

Par le regard des autres, plein de pitié, de curiosité malsaine, ou par la méchanceté de ses camarades de classe, Tess n’est plus que la fille du monstre. Seule dans son chagrin, elle ne trouve aucun soutien auprès des adultes, y compris sa mère. Cela va l’amener au fil des années à quasiment rompre avec son père, par honte. Elle choisira son orientation scolaire pour s’éloigner le plus possible de lui et des gens qui les connaissent.

Florence Aubry propose un roman délicat sur un sujet très difficile. Elle traite du choc traumatique du suicide sur la famille d’un regard bienveillant, plein d’empathie, elle livre avec délicatesse et justesse tous les sentiments qui agitent Tess. Son évolution sur plusieurs années. On referme ce livre apaisé cependant, comme Tess, qui grâce notamment à l’amitié d’une autre jeune fille a fait la paix, avec son père, avec cette histoire terrible. La fille du monstre est redevenue la fille de Marino. Un très beau roman.

Tag(s) : #Ma bibliothèque, #ma bibli jeunesse
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