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Vous connaissez peut-être cette histoire, mais sous l'autre nom du navire : le Batavia. C'est ainsi qu'on nommait Jakarta à l'époque. J'avais déjà chroniqué deux ouvrages sur cette horrible histoire, Batavia de Peter Fitzsimons, et Jeronimus, un album de Dabitch et Pendanx.

Dans ce diptyque, Xavier Dorison et Thimothée Montaigne offrent une reconstitution intéressante, portée par de magnifiques dessins et couleurs. 

Batavia, c'était la capitale se situant sur l'île de Java dans les Indes orientales, véritable empire commercial tenu par la fameuse Compagnie des Indes orientales (VOC). Batavia, c'est aussi et surtout le nom du plus grand et plus beau bateau de l'époque, contenant, lorsqu'il quitte le royaume, la plus formidable cargaison de l'époque, avec pas moins de 12 coffres remplis d'or et d'argent et bien d'autres richesses en vue de négociations commerciales. Il quitte les Pays-Bas à l'automne 1628. Malheureusement, le navire ne parviendra jamais à destination puisqu'il échouera contre les récifs à l'ouest de l'actuelle Australie, que les Hollandais nommaient Het Zuidtland, la terre du sud.

A son bord, le subrécargue Jeronimus Cornelisz qui est le représentant de la compagnie. Il a autant sinon plus d'autorité que le Capitaine Pelsaert. Il va s'allier avec le skipper Jakobs pour fomenter une mutinerie, mais avant que celle-ci ne soit véritablement lancée, le bateau s'échoue. Je vous passe les péripéties, Pelsaert part chercher des secours (il sait qu'il ne pourra revenir avant plusieurs mois) et la survie s'organise... sous l'égide de Cornelisz. Certains ont décrit l'homme comme un psychopathe pur et simple, d'autres comme Peter Fitzsimons émettent l'hypothèse qu'il a fait sienne les théories des rosicruciens : il n'y a ni paradis, ni enfer, et que les actes commis sur Terre ne sont donc passibles ni de l'un ni de l'autre. Ceci expliquerait donc la totale absence de scrupules de Cornelisz.
 

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1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta - Dorison & Montaigne
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta - Dorison & Montaigne

Quelle que soit la réalité, le subrécargue et ses sbires organisent leur survie au détriment des autres passagers. L'album de Dorison et Montaigne passe sur nombre de détails (il aurait fallu plus de deux tomes), mais rend bien l'atmosphère de dictature totale d'un groupe, tuant sans merci les plus faibles ou ceux qui pouvaient les contredire ou mener une rébellion contre eux. Comme notamment le soldat Hayes, qu'ils envoyèrent avec d'autres hommes non inféodés à Cornelisz sur une autre île... et espérant qu'ils y mourraient. 

J'ai trouvé très intéressant le fait de retranscrire au mieux l'empire qu'avait la VOC sur le commerce mais surtout sur les hommes et les femmes à sa solde. Une compagnie (et donc ses actionnaires) dont la soif de profits est colossale, inextinguible, vampiresque. Jusqu'à l'absurde. Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi certains envisageaient de se rebeller.  Ce n'est pas dit dans l'album, mais on le comprend: la VOC était  à l'époque bien plus puissante que des royaumes. C'était peut-être même une des entités les plus puissantes de l'époque. Cela fait un peu écho avec l'expansion et la (quasi) toute-puissance de certaines multinationales de nos jours...

Je le mentionnais en début de billets, les auteurs ont décidé de donner le nom actuel de Jakarta plutôt que de garder le nom de Batavia. Honnêtement, je ne sais pas si c'est une bonne ou un mauvaise option. C'est ainsi que se nommait le bateau ... je ne vois pas pourquoi changer son nom. 

Ceci étant dit, une lecture passionnante, à compléter avec le livre de Fitzsimons, très complet. 

Un diptyque (180 pages en tout) saisissant qui s'insère dans le challenge Book trip en mer de Fanja après Le rêve de la baleine de Ben Hobson, Histoire d'une baleine blanche de Sepulveda, La belle Jeanette de Courgeon, Le retour du Capitaine Nemo de Schuiten et Peeters, l'adaptation de Moby Dick par Chabouté, Un amour de vague de J-F Chabas et Ch. Espié, Le choeur des sardinières de Touitou et Lewko, La grande Vague de V. Massenot. 

Tag(s) : #BD, #Ma bibliothèque
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