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L'auteur belge Stefan Hertmans a écrit ce texte au lendemain des attentats qui ont frappé Bruxelles en 2016 (Molenbeek est un quartier de la capitale belge). Son Antigone s’appelle Nouria, c'est une jeune étudiante en droit de l’Université Libre de Bruxelles, dont le frère s’est radicalisé et est parti combattre en Syrie aux côtés ds djihadistes, où il est mort.
Dans ce texte court, qui oscille entre le théâtre et la poésie, Antigone/Nouria veut récupérer le corps de son frère, qui repose quelque part dans l'institut médico-légal de la ville. Mais on le lui refuse. Que ce soit au commissariat, où l'agent Crénom la tance pour son émotivité (!) ou plus tard au tribunal. (Je vous laisse découvrir pourquoi elle s'y retrouve jugée) Quand elle insiste pour récupérer le corps, on la renvoie toujours à son statut de femme (émotive donc) et au surplus issue de l'immigration ("On n'est pas au désert ici").
A travers Nouria, Hertmans nous parle de ces quartiers où vivent une majorité d'immigrés, souvent délaissés, désœuvrés, la place des femmes, mais aussi l'incapacité d'une sœur de cesser d'aimer ce frère à la dérive tragique. Elle souhaite qu'on lui accorde de faire ce qui est civilisé : enterrer un mort, ne pas laisser ce corps dans des frigo pendant des mois. Et c'est là que peut surgir le malaise : car Nouria occulte totalement ce qu'a fait son frère. Partir en Syrie, ce n'est pas pour cueillir des fleurs...et ce n'est pas faire œuvre de civilisation. Si Hertmans décrypte à demi-mots ce qui peut favoriser, faire le terreau de l'enrôlement djihadiste, il ne questionne pas vraiment le geste du frère. Et Nouria non plus. C'est peut-être là que le bât blesse un peu pour moi.
Le texte est fort, qui alterne monologues et dialogues se lit presque en apnée, le désespoir le disputant à la colère dans la tête de Nouria.
J'ai appris en lisant ce texte que des maires français refusaient de délivrer des autorisations d'inhumer pour les terroristes, ce qui est à l'origine du texte d'Hertmans.
Je ne connaissais pas cet auteur, mais je vais essayer de lire d'autres textes de sa part.
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