Documentaire en deux parties accessible sur Arte, Et Volodia devint Zelensky dévoile l'histoire de cet homme qui incarne la résistance ukrainienne face à la barbarie russe. Sur une initiative d'Ariane Chemin, journaliste au Monde qui avait écrit en 2024 un portrait en plusieurs parties du président ukrainien, ce documentaire très complet (même si il fait l'ellipse de ses années de président avant le déclenchement de l'invasion à grande échelle par la Russie) retrace la vie de ce jeune homme issu d'une famille du sud est de l'Ukraine, né dans la ville de Kryvy Rih, (d'où venait le fer qui servit à construire... la tour Eiffel!) et qui fit partie de la dernière génération des jeunesses communistes. La première partie du documentaire s'attache à l'avant invasion, son parcours à l'école, la famille, les copains; son ascension irrésistible avec ses amis de la troupe du Kvartal 95, qui fera d'eux des hommes et femmes riches. Et bien sûr la série Serviteur du peuple où il joue le rôle (prémonitoire) d'un petit professeur d'histoire devenu malgré lui président de l'Ukraine. Lui, charismatique, très travailleur, à l'humour ravageur. Et surtout un leader, profondément attaché à sa famille, de sang ou d'amitié.
Dans la deuxième partie, c'est l'élection à la présidence, on y voit les sketchs de plus en plus politiques, les moments de la campagne présidentielle face à Petro Poroshenko, et puis l'invasion. Son refus de partir, la vidéo qui fit le tour du monde, où il se montre devant le palais présidentiel, avec son équipe annonçant sa volonté de mener le combat. Une deuxième partie très émouvante évidemment, et qui montre sa transformation, physique, mais aussi son envergure.
Beaucoup d'images d'archives, de témoignages de ses très proches, font de ce documentaire un visionnage important pour comprendre cet homme mais aussi le peuple ukrainien. Car lui, était russophone, il a fait son début de carrière à Moscou. Il n'était donc pas du tout un va-t'en guerre et encore moins un russophobe. Mais l'homme commence petit à petit à évoluer. Plus lentement que la population qui se révolte contre l'ingérence russe dès 2004 avec la révolution orange, puis en 2014 avec la Révolution de la dignité, dite aussi du Maidan, contre le président Yanukovitch qui allait contre les voeux européens des Ukrainiens, et finit par fuir en Russie. Ceci déclencha l'annexion de la Crimée puis l'invasion du Donbas. Pendant longtemps, Zelensky a continué à parler russe, à avoir en tête l'idée qu'il fallait discuter, tendre la main.
Un parcours étonnant, tragique, un destin héroïque, un homme qui comme son peuple incarne aujourd'hui le courage de lutter pour ses valeurs.
J'ai eu la chance récemment d'animer une projection débat en présence du réalisateur Yves Jeuland, et c'était passionnant. Il a d'ailleurs été lui-même impressionné par Zelensky, tout en gardant la distance nécessaire à l'écriture de ce documentaire.
A voir absolument.
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