Le voyage de Marcel Grob - Ph Collin & S Goethals

Le 11 octobre 2009, Marcel Grob, un vieil homme de 83 ans, est interrogé sur un passage sombre de sa vie. Le 28 juin 1944, comme 10 000 Alsaciens, il est enrôlé de force par l'armée allemande. Des décennies plus tard, il doit convaincre le tribunal qu'il n'est pas un criminel. Il va raconter, au fur et à mesure que le juge l'aiguillonne (car il nie au début), des épisodes de cette période de sa vie. 

Grob est convoqué et se présente avec deux autres amis. Ils sont versés dans les rangs de la SS, du moins c'est ce que Grob affirme, alors que le juge explique que seuls les volontaires étaient intégrés dans ces unités.

Ils partent pour l'Italie notamment, où ils participeront au massacre des villageois de Marzabotto, sous les ordres de Walter Reder, un officier SS revenu du front de l'Est et qui rapporta de là-bas, comme nombre de nazis, des méthodes extrêmes de sévices et massacres contre les populations. Il a notamment participé à l'annihilation du soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943.

Au sein de son unité, Grob peut compter sur ses deux amis, l'un pétainiste convaincu qui, après le massacre de Marzabotto change totalement de point de vue. Il est aussi aidé par le lieutenant, qui semble moins fanatique que les autres officiers SS.

Grob se trouve face à un juge d'instruction persuadé de sa culpabilité et véhément. Et on ressent un certain malaise à la lecture de leurs interactions. On comprend par la suite pourquoi.

L'histoire de Marcel Grob ne s'inspire pas de faits réels, elle est la recension de cet épisode la vie de cet homme, le grand-oncle du journaliste Philippe Collin (à qui l'ont doit l'excellent podcast Face à l'histoire). A travers ce récit, nous sommes amenés à nous interroger sur la situation de ces hommes qui partirent combattre sous les ordres de l'occupant. Si certains sont partis par conviction, d'autres l'ont fait, comme Grob, pour éviter les représailles contre leur famille, enfin les réfractaires ont souvent pris le maquis. Je me souviens que le grand-père lorrain de mon mari n'avait aucune sympathie pour ceux que l'on surnomme les "Malgré-nous". Pour lui, ils étaient presque tous volontaires...

Récit très intéressant sur le fond, j'ai moins accroché aux dessins de Sébastien Goethals, mais cela n'a en rien gêné ma lecture.

L'album est suivi d'un dossier de quatre pages sur le contexte historique rédigées par Christian Ingrao, sur la SS, son importance dans la structure de l'Etat nazi et sur les français ayant combattu dans l'uniforme SS. 

Comments

[Sandrine]

Le dernier livre de Joël Egloff traite du même sujet, c'est un récit familial et je te le conseille.

[Choup]

Merci pour la ref; je note!

[gambadou]

Pas évident comme situation

[Choup]

Effectivement, c'est le moins que l'on puisse dire!