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Arturs est un jeune garçon letton. L’anniversaire de ses 17 ans marque, en 1915, l’intensification des combats avec l’armée allemande du Kaiser qui progresse sur les territoires du Tsar russe. La famille vit paisiblement dans une ferme de campagne, quand éclate la guerre. Le jeune homme s'engage avec son père, sergent à la retraite, et son frère.
C'est l'aspect historique, la géographie et donc l'envie de découvrir une toute petite partie de l'histoire lettone qui m'ont amenée à emprunter ce film à la médiathèque. Nous y suivons donc Arturs, jeune homme bientôt adulte dont la vie va basculer avec son engagement volontaire dans l'armée lettone. L'ouverture du film dépeint une vie paisible, rurale, puis nous basculons dans la guerre et les morts. Nous suivons Arturs jusqu'après la guerre, quand la Lettonie obtient de haute lutte son indépendance en 1920, entrant dans une guerre d'indépendance après la signature de l'armistice de Brest-Litovsk (entre la Russie révolutionnaire et l'Allemagne en 1917).
Si j'ai aimé découvrir les sonorités très particulières de la langue lettone, et suivre Arturs, cette adaptation d'un roman d'Aleksandrs Grīns* inspiré de sa propre expérience, pêche par volonté de tout dire. En effet, nous suivons sur moins de deux heures une période très mouvementée (euphémisme) de l'histoire de ce petit pays balte : la guerre dans les tranchées sous le drapeau de la Russie tsariste, la révolution, la guerre d'indépendance. Arturs voyage pas mal, et l'on a souvent du mal à le situer exactement.
De plus, il y a assez peu de scènes qui permettent de bien contextualiser, et pour l'ignorante de l'histoire lettone que je suis, j'ai été perdue et frustrée de ne pas comprendre les enjeux, les luttes de pouvoir qui devaient être à l’œuvre à tel ou tel moment du film. On est balloté d'une scène à l'autre, d'une période à une autre, et il faut parfois deviner pour savoir où et quand se situe telle ou telle scène. On notera cependant quelques belles scènes, d'autres percutantes, comme celle du combat dans les tranchées, qui évite l'écueil de l'esthétisation du combat au corps à corps et de la mort. Ici, le réalisateur Dzintars Dreibergs montre combien une vie tient à peu de chose, dans un espace aussi confiné dans la cohue où chacun joue sa vie, et que le tragique confine parfois au grotesque. De ce point de vue là, c'est très bien vu et fait.
Un visionnage en demi-teinte donc, pour un film plus pour les Lettons que pour découvrir l'histoire lettone.
En aparté: je ne comprends pas très bien le titre français... Arturs ne devient jamais tireur d'élite. C'est son père qui l'était... Internationalement, le film est sorti sous le titre du livre dont il est l'adaptation : Blizzard of souls (Blizzard d'âmes).
*Aleksandrs Grīns, qui voulait devenir médecin, fut journaliste et écrivit plusieurs romans historiques. Il a notamment traduit en letton le livre de Remarque, A l'ouest rien de nouveau. Il fut fusillé comme nombre d'officiers lettons par les Soviétiques en 1941.