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Je vous avais déjà parlé de Gaétan Nocq à travers ma chronique de son album intitulé Capitaine Tikhomiroff, retraçant les combats et la survie d'un capitaine de l'armée du Tsar, puis de l'armée blanche entre 1917 et 1920.

Je m'étais promis de relire cet auteur, et c'est désormais chose faite avec Le rapport W, qui narre l'histoire de Witold Pilecki. J'avais entendu parler pour la première fois de cet homme admirable et de son extraordinaire entreprise dans un documentaire à son sujet. Officier de l'armée secrète polonaise, Witold Pilecki s'était infiltré (en se laissant prendre dans une rafle en 1940) à Auschwitz au tout début de l'existence du camp, quand la majorité des prisonniers étaient polonais. L'objectif de celui qui se fait alors appeler Tomasz Serafinski : monter un réseau de résistance. Pendant presque deux années, il va oeuvrer tout en tentant de survivre au coeur de ce qui deviendra un camp d'extermination : créer le réseau, envoyer des rapports à l'armée secrète, faire le lien avec les autres mouvements de résistance et à terme déclencher une insurrection. Ordre qui ne viendra jamais, d'ailleurs.

Pour écrire ce magnifique album, Nocq s'est appuyé bien entendu sur le rapport de Witold Pilecki (écrit après sa fuite du camp) et d'autres documents historiques, a fait plusieurs voyages à Auschwitz et ses environs. Il a été secondé par Isabelle Davion (qui lui proposa de réaliser cet album) maîtresse de conférence à la Sorbonne, et qui avait écrit les notes historiques de la traduction française du rapport de Pilecki.

Nous suivons donc Witold Pilecki dans cette entreprise terriblement dangereuse : il faut comprendre le fonctionnement du camp, des nazis, leurs supplétifs, les Kapos. Se faire intégrer dans des kommandos travaillant en intérieur si possible, trouver à faire passer les rapports avec les libérations de prisonniers d'abord (il en existait au tout début de la guerre, mais elles devinrent rares puis inexistantes après 1941), puis par d'autres moyens. Les nazis, sachant qu'un camp existait, il fallait échapper aux coups de filets, démasquer les mouchards et les éliminer etc.

Le travail graphique de cet album est, comme pour Capitaine Tikhomiroff absolument magnifique. La beauté de ses pages est inversement proportionnelle à l'horreur et la violence de ce qui nous est conté.

La post-face est assurée par Isabelle Davion qui retrace en détail l''expérience de Pilecki, contextualise et apporte ainsi encore plus de substance à l'oeuvre de Nocq qui a imaginé la vie quotidienne dans le camp de Pilecki et des prisonniers.

 

Le rapport W - Gaétan Nocq
Le rapport W - Gaétan Nocq
Tag(s) : #Ma bibliothèque, #album, #BD, #coups de coeur
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