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Beaucoup connaissent Confucius et sa philosophie, mais qui connaît Mozi (ou Mo-Tseu), qui pourtant lui fit concurrence? Mozi (479-381 ou 392 av JC) était un philosophe chinois, né l'année de la mort de Confucius à l'époque dite des Royaumes combattants. La philosophie qu'il développa fit apparemment concurrence un temps au confucianisme dont il s'était démarqué, et pourtant nous n'en entendons jamais parler. Mozi prônait l'égalité entre les individus et le pacifisme. Il fustigeait l'égoïsme comme cause fondamentale de toutes les guerres. Pour lui, le principe de sollicitude (traiter l'autre comme soi-même) devait mener à faire passer l'intérêt particulier après l'intérêt général, le bien commun (ce qui poussé à son extrême amène à... la dictature du chef ou de l'Etat).
Mozi et ses adeptes (les moïstes), étaient des sortes de chevaliers errants, apportant leur aide à ceux qui la demandaient. C'est tout le sujet de Bokko, sous-titré Stratège, manga en huit tomes dans lesquels nous suivons Ke-Ri, un moïste. Il a été appelé pour aider la ville assiégée de Liang à se défendre de l'agresseur, le royaume voisin de Zhao. Il accepte, malgré l'interdiction du chef du clan moïste (nous découvrirons pourquoi plus avant dans le récit). Ke-Ri, va faire preuve d'une très grande connaissance des arts militaires (stratégie, combat), mais également une fine analyse des ressorts des comportements humains. Demandant une obéissance totale de tous à ses préceptes et ordres, il mène la défense du siège, malgré l'opposition de certains.
Les premiers tomes sont donc consacrés à ce premier siège, puis Ke-Ri sera amené à comprendre pourquoi on lui avait interdit d'aider la ville de Liang : les chefs moïstes ont délibérément abandonnés les préceptes de leur fondateur par appât du gain (tiens, tiens). Ils se sont alliés à l'armée du roi de Qin (prononcez "chin"), Ying Zheng, qui sera le premier empereur de Chine (aux alentours de 220-221 av JC). On découvre même au tome 6 la fameuse armée de soldats de terre cuite. Ke-Ri devra trouver des alliés, aidera une autre ville à se défendre d'un siège.
Typique d'un récit d'aventures et de guerre, Bokko se dévore rapidement. Même si l'attrait de la nouveauté liée à la découverte de la philosophie moïste s'amenuise un peu pour aller vers un récit classique et intemporel d'aventure et de guerre, j'ai lu avec beaucoup de plaisir ces huit tomes bourrés d'action mais aussi de réflexions concernant les rapports humains, l'exploitation des pauvres, la domination, la guerre. Rien d'ébouriffant, mais les scénaristes Sakemi et Kubota a fait du bon travail, de même que le dessinateur Mori. On suit Ke-Ri dans des aventures échevelées (humour: il est chauve !) avec parfois des rebondissements ou personnages pas très crédibles, mais on se laisse emporter.
Bokko a été publié dans les années 90 au Japon, édité une première fois en 11 tomes au début des années 2000 en France. Réédité ici par Depuis, il a remporté le prix Konishi 2024 au festival d’Angoulême.
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