Il est très rare de voir en France des séries japonaises (sauf si on a des abonnements à certaines plateformes, j'imagine, et encore) et grâce à Arte, j'ai pu voir La maison de la rue en pente, que je vous recommande.
Nous y suivons Risako, femme au foyer élevant sa fille de trois ans Ayaka. Risako est convoquée pour être jurée dans un procès d'infanticide par la mère (la victime est une petite fille de 8 mois). Risako semble heureuse dans son rôle de mère au foyer, même si son mari rentre toujours tard et est du style à mettre les pieds sous la table sans jamais lever le petit doigt. Surtout, elle ne comprend pas comment une mère peut en arriver à cette extrémité.
Tout au long du procès, nous découvrons plus avant Risako, sa famille, sa belle-famille, d'un côté, et de l'autre la trajectoire et la personnalité de la mère infanticide lors de son procès, au travers notamment des témoignages (souvent contradictoires) des différents témoins. Le procès perturbe beaucoup Risako, qui s'identifie de plus en plus à l'accusée.
La maison de la rue en pente est une série dramatique qui prend par moments des tournures de thriller psychologique. Si une ou deux petites choses m'ont fait tiquer, l'ensemble est excellent. Surtout, il donne un aperçu pas franchement flatteur de la situation des femmes au Japon. Et autant vous dire que ce n'est pas reluisant. La pression est énorme pour être une bonne mère, le fait de travailler est finalement assez mal vu, d'autant que les maris sont tout à fait contents de se faire servir et mettre les pieds sous la table quand ils rentrent (souvent tard) le soir. Très peu acceptent de s'occuper des enfants, sans même parler de devoir pour cela faire des concessions au travail!
L'un des points forts de la série est que l'on suit plusieurs personnages, qui nous offrent ainsi une palette de situations personnelles et familiales différentes : Risako donc ; une jeune juge au procès, mère d'un enfant d'un an et déterminée à ce que son mari fasse sa part ; un juré dont l'épouse ne supporte pas qu'il rentre avant 22h le soir ; une jurée qui est en mal d'enfant et veut à nouveau tenter une FIV. A travers ces différents personnages, la série aborde la vision féminine et masculine de la famille, le poids de la société (immense) qui pèse sur les individus pour se conformer aux règles et aux traditions. Les conseils donnés avec le sourire mais qui pèsent comme un jugement sur celui ou celle qui les reçoit, le regard impitoyable, enfin, de la société sur les femmes, toujours responsables (alors que les hommes ont très souvent des excuses). Aussi, La maison de la rue en pente examine les mécanismes qui amènent une femme, une mère, à tuer son enfant.
C'est souvent à la limite d'être oppressant (en tout cas pour la spectatrice que je suis), mais c'est absolument passionnant à regarder.
A voir!