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Le saké de Natsuko (traduction du titre japonais) est un manga d'Akira OZE publié entre 1988 et 1991 au Japon dans un magazine (comme la plupart des manga). Il se compose de six tomes fort dodus (400 pages environ) qui content l'histoire de Natsuko, 23 ans, fille d'un brasseur, et vivant à Tokyo, où elle travaille dans une agence de publicité.
C'est son frère Yasuo qui est gérant de la brasserie. Quand il décède de maladie, Natsuko décide de reprendre les rênes le temps de réaliser le rêve de Yasuo: brasser un saké d'exception avec le "dragon merveilleux", un riz spécial, rare et difficile à cultiver. En effet, il requiert beaucoup de travail, ne supporte pas les pesticides etc. Bref, tout le contraire de l'agriculture intensive actuelle. Douée d'une capacité de dégustation hors du commun, Natsuko peut reconnaître n'importe quel saké, noter les plus infimes différences, imperfections etc. Mais cela n'en fait pas une bonne gérante pour autant. Il va lui falloir beaucoup se battre pour espérer réussir. Elle est jeune, c'est une femme dans un monde d'homme, et son projet est littéralement extra-ordinaire.
Tout au long des six tomes que compte Natsuko no sake, on apprend toutes les subtilités du brassage du riz, qui ne peut pas donner seul le saké, il faut lui ajouter des levures. Il y a toute une technique, des traditions autour du brassage du saké.
Autour de Natsuko, il y a bien sûr son père, le propriétaire de la brasserie, Papy le toji (maître brasseur), Kazuko la veuve de son frère Yasuo, Wataru Kusakabe, un jeune commis lui aussi extrêmement doué pour la dégustation, Saeko, fille de riziculteur qui déteste le milieu, se moque de Natsuko (mais leur relation évoluera pour devenir une belle amitié), des riziculteurs etc.
Tout comme dans Le disciple de Doraku* (manga sur un jeune homme rêvant d'interpréter du rakugo, sorte de stand-up japonais) , Akira Oze m'a plongée avec bonheur dans un univers dont je ne connaissais rien du tout, tout en me racontant une histoire passionnante, avec des personnages attachants. Le dessin n'a rien de renversant, mais l'histoire est un vrai "page turner" comme on dit en bon français. Natsuko rencontre beaucoup de difficultés, elle s'entête, parfois à tort, parfois à raison, elle est parfois au bout du découragement, mais elle persévère. Le manga nous rappelle toute l'histoire du brassage du saké, qui connut un tournant après la seconde guerre mondiale, où il fallait produire à tout prix, les saké médiocre qui en découlèrent, l'adjonction d'alcool ou d'autres choses dans certains pour cacher les défauts etc. De même, on découvre les enjeux économiques du brassage pour des petites communautés, le poids des lobbys des engrais et pesticides (surprise!); le fait que c'est pour les ouvriers un travail saisonnier, qu'ils doivent faire autre chose pendant environ 5 mois de l'année (l'été et le début de l'automne), et que lors du brassage, ils sont loin de chez eux, difficile donc pour la vie de famille.
Natsuko et toute la galerie de personnages qui gravitent autour d'elle sont attachants au possible et c'est un coup de cœur que ce manga qui m'a donné envie, moi qui ne boit qu'aux grandes occasions (et encore, un demi-verre, car après je suis pompette!), de découvrir le saké. Histoire d'émancipation féminine, d'amitié (et d'amour aussi, sans mièvrerie cependant!), Natsuko no saké est un excellent manga qui m'a passionnée de bout en bout.
Comme dans Le disciple de Doraku, il y a un glossaire à chaque début de tome, ainsi qu'un rappel des différents personnages.
* Je m'aperçois en écrivant ce billet que je n'ai pas chroniqué ma lecture du Disciple de Doraku. C'est qu'en fait, il y a 4 tomes mais seuls trois sont à la médiathèque, et j'espérais que le dernier tome serait commandé, (mais pour l'instant ce n'est pas le cas) et j'aurais écrit mon billet une fois la série lue en entier. (C'est d'ailleurs un mystère cette histoire, car j'ai trouvé la référence du 4ème tome, mais il n'apparaît dans aucune recherche sur les sites de librairie en ligne. J'ai interrogé l'éditeur, mais n'ai jamais obtenu de réponse.) C'est aussi un coup de coeur, mais avec un goût d'inachevé puisque je n'ai pas lu le dernier tome, et qu'il est introuvable.
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