Les géants tombent en silence - Barroux

Miss O. et moi-même participons au prix intergénérationnel organisé par notre médiathèque. Il s'agit de lire des livres ensemble, adultes et enfants à partir de 8 ans, et d'élire notre préféré.

Cette année, le thème est le développement durable. Nous avons déjà lu Norig et l'or de l'île de Ghislaine Roman (magnifiques illustrations de Sophie Lebot), et Forêt des frères de Yukiko Noritake, que j'espère penser à chroniquer prochainement. Les deux m'ont plu, mais ne m'ont pas émue comme Les géants tombent en silence.

Cet album de Barroux, que je découvrais avec cette lecture, c'est l'histoire d'un arbre, planté dans un parc nouvellement créé, dans une ville comme il y en a tant. A son ombre des enfants viendront jouer, on ajoutera un toboggan, il y aura des fêtes, des rencontres, des amoureux. Le toboggan finira par être enlevé, et un jour, l'arbre aussi.

De grandes pages où l'illustration prend toute la place, et en bas de page, une phrase par page.

On voit les saisons passer, cet arbre être le témoin de morceaux de vie, d'une ville qui évolue.

Et puis, une phrase est coupée net, comme l'arbre. Et sur les quelques pages restantes, il n'y a plus qu'un vide en bas. Le silence.

Et ce vide, ce silence, m'ont énormément émue. C'est tout bête et en même temps c'est tragique. Cela symbolise pour moi cette nature qu'on détruit et qui ne peut s'exprimer. Ce gris et ce béton qui prennent la place. Tout ce que l'on éradique sans y penser. Comme mon voisin qui a coupé quatre arbres dans son magnifique jardin. Des cerisiers, un murier platane magnifique, qui apportait une ombre bienvenue en plein été.

A travers cette lecture, je vois aussi combien moi-même j'ai évolué (radicalement sur certains aspects). Voir des arbres ou des haies coupées pour être remplacés par du béton, une piscine ou du gazon synthétique m'attriste énormément. Et pourtant, moi-même j'ai coupé des arbres dans mon jardin. Certes, ils étaient malades. Mais à l'époque cela ne m'avait fait ni chaud ni froid. J'en ai replanté depuis, et quand je dis replanté, c'est vraiment moi qui les ai plantés, qui ai creusé les trous (et ils étaient énormes, ces trous, j'en ai bavé!). Je me régale de voir l'arbre à miel littéralement assailli par les bourdons et les abeilles, le melia qui prend une belle ampleur et accueille les moineaux qui nichent sous les tuiles; le catalpa qui lutte contre la sécheresse l'été, (c'est lui qui a le plus de mal), et tremble encore quand des pies dodues viennent s'y poster.

Bref, tout cela pour dire que cet album qui a l'air tout simple, sans prétention a eu un impact très fort sur moi. Miss O. a tout de suite noté qu'une fois l'arbre coupé, les gens ne souriaient plus. Elle aussi déteste qu'on coupe les arbres.

Comments

[Gambadou]

Génial ce prix intergénérationnel