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J'ai enfin terminé l'excellente série The red rat in Hollywood du mangaka YAMAMOTO Osamu, également auteur du magnifique L'orchestre des doigts.

Dans ces derniers tomes de la série, qui en compte donc 10, Yamamoto poursuit sa fresque de l'horreur que fut la chasse aux sorcières, c'est-à-dire la chasse aux communistes dans les Etats-Unis de l'après-guerre et du début de la guerre froide.
Dans le tome 6 nous suivons notamment le cas complexe d'Elia Kazan, qui finira par "trahir" ses anciens amis communistes ou sympathisants afin de "survivre" en tant que réalisateur (Son cas est déjà abordé dans le tome 5), la figure de Marilyn Monroe fait son entrée dans la série, et sera souvent mentionnée, notamment dans le cadre de sa relation avec JFK. on voit comment McCarthy va trop loin en s'en prenant à l'armée, Nixon demande alors à Hoover (directeur du FBI) de l'arrêter, et un scandale vient à point nommé.

Dans le tome 7 nous suivons l'histoire du film Spartacus, la détermination de Kirk Douglas à faire travailler Trumbo pour ce film et le faire apparaître au générique, malgré les menaces. Les projections du film, au début, seront l'objet de manifestations et contre manifestations entre anti-communistes et soutiens de Trumbo.

Otto Preminger contacte également Trumbo et l'annonce dans le New York Times.  Nous suivons également le boycott des bus à Montgomery et la montée en puissance de la lutte pour les droits civiques, sous l'influence de Martin L. King.

Dans le tome 8, Yamamoto s'éloigne un peu de la chasse aux sorcières à Hollywood (qui est désormais presque éteinte) pour montrer plus largement l'époque, avec notamment l'élection de JFK, le rôle de Hoover, la révolution à Cuba, les liens des Kennedy avec la mafia à travers Sinatra etc. 

Les tomes 9 et 10 se concentrent sur les États-Unis et la politique dans son ensemble, les relations entre JFK et l'armée et la CIA, le fiasco de la Baie des cochons, qui va créer un fossé entre le président et ces organisations, accrue par la désescalade voulue par JFK lors de la crise des missiles. Ce qui est l'occasion pour Yamamoto d'aborder l'assassinat de JFK (qui est selon lui le fait de l'alliance complexe militaro-industriel + CIA + FBI), la mort de MLK et de Bobby Kennedy. On suit le retour dans la lumière de Trumbo et d'autres scénaristes, mais c'est presque anecdotique.

J'ai vraiment beaucoup aimé cette série, le formidable travail de recherche réalisé par l'auteur, qui indique à chaque fin de tome où il a respecté la réalité, et où il a choisi d'inventer, amender, conjuguer pour donner du rythme, du suspense etc. à son manga. Il cite beaucoup de ses sources et lectures... et notamment Marc Dugain concernant Hoover.

J'avais mentionné dans mon billet sur le premier tome de la série que le dessin typiquement manga (visages grimaçants et grotesques dans les émotions etc) me faisait souvent tiquer. Eh bien, là, il ne m'a plus gênée...il faut croire qu'on s'y habitue.

The red rat in Hollywood est une œuvre forte, en ce qu'elle raconte d'une époque où la suspicion était de mise, les vies brisées, les familles fracassées. Il nous révèle la part sombre des États-Unis, et de toute société qui érige la suspicion et l'absolue nécessité d'être conforme à la norme de pensée comme valeurs cardinales. Quand toute forme d'opposition, aussi pacifique fut-elle, devient déviante. Car ainsi que le dit un des personnages (inventé pour le manga): tout ce qui ne nous convient pas devient "communiste". Finalement, on n'est vraiment pas loin de la dictature de pensée...

Et pour ne rien gâcher, ce manga donne envie de voir toutes sortes de films...

 

 

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Tag(s) : #Ma bibliothèque, #coups de coeur, #manga
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