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Beaucoup connaissent le Bloody Sunday des années 1970, dimanche sanglant à Derry, en Ulster (Irlande du Nord), le 30 janvier 1972. U2 en tira une célèbre chanson. Moins nombreux sont ceux qui connaissent l'autre Bloody Sunday, qui eut lieu en 1920, à Croke Park, à Dublin. Pour ma part j'en ai eu connaissance en 2007 lorsque l'équipe de rugby d'Irlande joua dans ce stade le tournoi des VI nations, pendant que le vieux Lansdowne road, où se tenaient jusqu'alors les matchs, était détruit et reconstruit.
Croke park est un stade dédié uniquement (c'est d'ailleurs dans ses "statuts") aux sports gaéliques. Qu'un sport "étranger" y soit accueilli était interdit... la venue de l'équipe de rugby fut donc l'occasion de débats enflammés. D'autant plus enflammés qu'un jour de novembre 1920, des soldats britanniques tirèrent sur la foule, tuant 12 personnes et blessant 64 autres.
Cet album de Sylvain Gâche et Richard Guérineau retrace en parallèle les évènements qui ont ensanglanté cet écrin des sports gaéliques en 1920, et la tenue des deux premiers matchs de rugby dans ce stade en 2007 : le match contre la France, perdu sur le fil par les Irlandais, et le match contre les Anglais...qu'ils remportèrent haut la main. Et sans aucun incident sur et hors du terrain.
La tuerie du 21 novembre 1920 vint alors qu'une série d'attentats menés par l'IRA avaient été perpétrée le matin même à l'encontre de policiers anglais. Pensant que le match entre Tipperary et Dublin se jouant ce jour-là était une couverture pour ces attentats, les forces de police anglaises encerclèrent le stade puis y pénétrèrent. Des soldats ouvrirent immédiatement le feu sur la foule.
Sur le plan historique, le travail est excellent, d'autant plus qu'il y a de longues annexes en fin d'album apportant contexte et détails. La construction de l'album, mettant en parallèle 1920 et 2007, est intéressante en ce qu'elle illustre les séquelles toujours tenaces, les ressentiments qui persistent 87 ans après les faits.
Pour ce qui est du dessin par contre, je n'adhère pas du tout, je le trouve sans âme, désincarné. L'autre petite chose qui m'a agacée, c'est l'insertion de mots anglais dans les dialogues, inutile et pénible pour moi. On sait bien qu'on est en Irlande, et que ça parle anglais, alors où est l'intérêt?
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