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L'histoire de ce manga dans le cadre de la médiathèque de ma commune n'est pas ordinaire. Il a failli partir à la poubelle: vieux, couverture pas franchement attrayante, quasi jamais sorti du fond. Mais la bibliothécaire a hésité, puis un jour entre midi et deux, a commencé à le lire...et a bouclé sa lecture en moins d'une heure. Elle a collé un coeur sur la couverture et l'a exposé sur le présentoir du rayon BD. C'est ainsi que j'ai moi-même découvert cet ouvrage d'Hiroshi Motomiya. Je l'ai sur site, si l'on peut dire, pendant que Miss O. poursuivait sa découverte de Tintin (je lui avais proposé les BD cet hiver, sans succès, mais depuis qu'elle écoute les adaptations radiophoniques sur France Culture, elle est fan - surtout du Capitaine Haddock, bien sûr!!)

C'est l'histoire du personnage en couverture, un comptable proche de la retraite et récemment licencié, sans charisme, sans charme, invisible en somme. La risée de ses collègues car il utilise un boulier alors que les autres sont passés aux ordinateurs. Un jour, alors qu'il revient d'un entretien (humiliant) à l'équivalent japonais de Pole emploi, il rentre chez lui pour trouver son appartement vide, sa femme disparue, son compte en banque vidé (y compris ses indemnités de licenciement), ses enfants ont changé de numéro de téléphone sans bien sûr l'en avertir ni lui communiqué le nouveau. Il ne lui reste plus qu'à se suicider. Il part donc dans la région de son enfance, et, dans la forêt, attache une corde à une branche. Mais celle-ci casse sous son poids. Et, comme "[il] n'est pas mort", il décide de vivre là, en forêt, loin des humains.

Je ne suis pas mort est le récit de la naissance d'un homme alors qu'il a aux alentours de 60 ans. Grâce aux plantes et à leur utilisation dont sa grand-mère lui avait parlé étant enfant, et ses aptitudes à travailler le bois, venant là aussi de son enfance quand il fabriquait ses propres jouets, il parvient à survivre en forêt. Malgré quelques frayeurs, et des difficultés évidemment, Kenzo se révèle à lui-même : assuré, capable, il n'a plus peur de personne les rares fois où il retrouve la civilisation. Un jour, il voit dans la forêt une jeune femme qui, comme lui l'avait fait, attache une corde pour se suicider. Il ne fait rien, car c'est son choix à elle et il le respecte, comme il le lui expliquera plus tard. Mais là encore, la branche casse et il recueille - ponctuellement pense-t-il - cette jeune femme. Ils vivront ensemble pendant plusieurs années, il l'aidera à accoucher de son bébé (elle était enceinte au moment de sa tentative de suicide). A son tour, au contact de Kenzo, elle va prendre confiance, et se révéler.

Voilà un manga très riche, critique acerbe d'une société qui écrase les invisibles, ceux qui sont différents, où l'argent est roi; c'est aussi un manga sur la capacité de l'humain à se surpasser, à se révéler à lui-même, à réapprendre à vivre avec la Nature, à s'en inspirer, la respecter. J'ai beaucoup aimé l'évolution des personnages, la relation entre Kenzo et la jeune femme qui se soutiennent et se nourrissent mutuellement. Une belle histoire de résilience (mot trop galvaudé je trouve), sur la capacité des individus à se relever quand tout semble trop noir, trop dur, désespéré.

La relation entre les deux personnages aurait pu tomber dans le romantisme un peu glauque (vu l'écart d'âge entre eux), mais non.

Une belle lecture. Il y a un tome 2, je l'ai réservé...mais la liste d'attente est longue!

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Tag(s) : #manga, #Ma bibliothèque, #coups de coeur
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