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Yui est trentenaire,  productrice radio, elle anime une émission quotidienne où les auditeurs peuvent intervenir. Un jour, l’un d’eux lui parle du téléphone du vent, une cabine téléphonique installée dans un jardin sur les pentes du mont Kujira-yama (la montagne de la baleine), où les gens en deuils peuvent venir parler à leurs défunts.

Elle qui a perdu sa fille de 3 ans et sa mère dans le tsunami de 2011 et qui depuis est comme en stand by dans sa vie décide de s’y rendre. Elle y rencontrera Takeshi, qui veuf et qui élève sa petite fille Hana, devenue muette depuis la mort de sa mère deux ans plus tôt.

Tout au long de ce court roman, l’autrice Laura Imai Messina, qui a elle-même épousé un Japonais et vit dans ce pays, nous amène à suivre Yui, son parcours sur plusieurs années (on ne sait pas trop combien d’ailleurs). Elle retournera tous les mois, sans jamais entrer dans le fameux téléphone, avec Takeshi à Bell Gardia (alors qu'il y a de nombreuses heures de route à faire pour y aller), le nom du jardin où se trouve la cabine téléphonique. Ils y lieront amitié avec le vieil homme qui accueille les visiteurs et entretient le lieu. Ils rencontreront et parleront avec ces mêmes visiteurs. A travers le chemin de Yui, Takeshi et tous les visiteurs qu’ils côtoient, Laura Imai Messina décrit les affres du deuil, la colère, le désespoir, la tristesse. Il faut noter que le téléphone, si l’on en a entendu parler en relation avec la catastrophe de Fukushima, a été installé avant, en 2010. D’ailleurs, si les proches de Yui sont décédées dans le tsunami, l’épouse de Takeshi est décédée d’un cancer.

Ce que nous confions au vent est un roman délicat, doux, sur le deuil. Sur le moment, mais aussi au fil des années, comment chacune et chacun le « fait », comme il ou elle peut/veut. Chaque personnage secondaire est l’occasion d’explorer l’usage du téléphone : pour se plaindre, pour dire l’amour ou la colère, le dépit ou « discuter » de choses triviales, de la vie quotidienne. Et cela peut être le deuil d’une personne effectivement morte, ou alors partie, le deuil d’une relation.

A travers Yui, sa relation avec Takeshi (ne vous attendez pas à une grande romance, tout est en sous-texte) et avec la fille de celui-ci (vont-elles s’aimer ? va-t-elle projeter sa propre fille sur la petite ? comment leur relation évoluera-t-elle au fil du temps ?), nous observons les étapes, les transitions d'un état d'esprit à un autre, une progression pas toujours linéaire d'ailleurs.

Sur la forme, ce livre court voit, entre les chapitres relatant l’histoire, s’insérer de courts textes (jamais plus d’une demie-page) sur par exemple les titres chansons brésiliennes qu’aime Yui, ou bien comment Takeshi était habillé quand il lui a demandé de venir vivre avec eux, le titre d’un livre offert par Yui à Hana (L’autre monde de G. Duprat) etc. Certains inserts semblent assez triviaux, voire presque sans intérêts (liste de friandises), d’autres beaucoup plus comme celui évoquant la tradition d’offrir un morceau du cordon ombilical à la mère après l’accouchement, qu’elle gardera dans une boîte et offrira à son enfant (au fils si il part à la guerre, la fille quand elle se marie).
Au final, Ceux que nous confions au vent est un joli roman sur le deuil et notre capacité (ou pas) à le surmonter, nos stratégies pour vivre malgré lui. Je n’en fais pas un coup de cœur, car l’écriture n’est pas exceptionnelle, certains inserts m’ont semblé inutiles et le dernier tiers un peu languissant par moments, mais certains passages m’ont en effet beaucoup touchée.

Ce que nous confions au vent - Laura Imai Messina
Tag(s) : #Ma bibliothèque
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