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Sous-titré Elizabeth Freeman l'infiltrée, Waco Horror est le récit d'une enquête sur un lynchage à Waco, Texas, en 1916.
Elizabeth Freeman, suffragette récemment émigrée aux Etats-Unis tient l'estrade dans un rassemblement à Dallas, avec William Du Bois, un sociologue. Habile communicante (ce qu'elle apprit aux côtés d'E. Pankhurst au Royaume Uni), elle embrasse Du Bois...qui est Noir! Imaginez-vous! Elizabeth Freeman a déjà compris, en ce début de 20ème siècle, le principe de l'intersectionnalité: les combats qui se rejoignent et se recoupent. Le féminisme et l'anti-racisme.
Quand elle part à Waco, elle est "mandatée" par Du Bois pour découvrir ce qui est arrivé à Jesse Washington, jeune homme noir mystérieusement disparu. Elizabeth Freeman va découvrir ce qui est vraiment arrivé: un lynchage absolument horrifique. D'abord à visage découvert, puis déguisée quand elle est expulsée de la ville, Freeman va mener l'enquête et faire la lumière sur la fin terrible qu'a connu Jesse Washington aux mains d'une communauté qui se targue d'être progressiste, mais pour qui un Noir n'est pas un être un humain, où les enfants vont au lynchage comme on va au cirque. L'homme, coupable du meurtre d'une Blanche, fut torturé en place publique, son cadavre traîné en ville, puis dépecé et certaines parties revendues (5$ la dent!).
Waco Horror , du titre de l'article publié par Elizabeth Freeman suivant son enquête, est un excellent album, écrit comme un thriller, qui ne manque pas d'humour et vous entraîne dans l'horreur de l'Amérique ségrégationniste. Si l'histoire de ce lynchage est apparemment très connue aux Etats-Unis, elle fut notamment l'origine de la prise de conscience de la population: les lynchages étaient tolérés (voire carrément annoncés dans les journaux), après la publication par Elizabeth Freeman dans The crisis, et les photos abominables (rendez-vous compte, on avait pris tout ça bien en photo, pour les souvenirs!), la donne change. Mais pas complètement, puisque le dernier lynchage eu lieu en...1998! Et pendant très longtemps, le Sénat s'opposa au vote d'une loi interdisant cette pratique ignoble.
Très bien construit, Waco Horror bénéficie d'un très beau graphisme. L'excellente idée fut d'illustrer le lynchage par des dessins d'enfants. Ce qui met à distance, et en même met l'accent sur l'horreur. Et sur le fait que les enfants y ont assisté!
Dernier point : à la fin de l'album figure un long entretien avec les auteurs/trice, très instructif.
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