Mr le Commandant - Bétaucourt & Oburie

Après une grosse pause bloguesque, me voilà de retour avec une bande dessinée prise tout à fait par hasard sur un présentoir d'une bibli de quartier toulousaine où je ne vais pour ainsi dire jamais. Mais j'avais des livres à rendre, et j'y suis entrée pour m'en délester, vu que j'étais dans le quartier. Évidemment, je ne pouvais pas repartir sans prendre quelque chose (c'est plus fort que moi!!! ^_^) et mon regard est tombé sur cette couverture qui attire indubitablement l'oeil par sa force. Quand j'ai vu que c'était une adaptation d'un roman de Romain Slocombe, que je veux lire depuis longtemps déjà, je me suis dit "banco", sans même lire l'intrigue (il n'en faut pas beaucoup pour me convaincre, vous l'aurez compris).

L'histoire est celle d'un homme, l'écrivain et académicien Pierre-Jean Husson (qui a vraiment existé) et de sa relation avec sa bru Juive allemande, Ilse. L'homme, amputé d'un bras suite à la Première guerre mondiale, est manifestement très à droite, anti-sémite. Il ne savait pas que la jeune femme était juive quand elle lui fut présentée par son fils. Il l'apprécie beaucoup (voire un peu trop), mais comme il trouve étrange qu'elle ne parle jamais de sa famille, et que seul son frère soit venu au mariage, il fait faire une enquête sur elle. Et l'ancienne actrice se révèle être de la race exécrée. Cette découverte n'éteindra pas le désir d'Husson pour sa belle-fille, mère de son premier petit-enfant.

Quand la guerre éclate, le fils part rejoindre de Gaulle, au grand dam de son père. Celui-ci reste donc seul avec Ilse, (son épouse étant internée, puis décédée d'un cancer)... Mais tout cela, vous vous en doutez va mal finir.

J'ai été rivée aux pages de cette bande dessinée dont le graphisme ne me plaisait pas plus que cela au départ, mais qui s'avère en fait, particulièrement bien adapté à la nature du récit, à la personnalité de l'infâme et pleutre Husson. Ce qu'il demande dans cette lettre à Mr le Commandant (d'où le titre du roman, épistolaire) est tout simplement abominable, tragique. Je n'aurais pas dû, mais j'ai été saisie quand j'ai compris ce qu'il demandait.

Avec Mr le Commandant, c'est une noirceur des plus banale que l'on observe, on lit les justifications pathétiques typiques des lâches, coupables de ce qu'ils considèrent eux-mêmes comme les pires péchés, mais dans lesquels ils sont bien heureux de se "vautrer". N'assumant en rien les conséquences, ils sont trop heureux de se dédouaner sur les autres. Cela m'a rappelé une phrase entendue dans un podcast récemment sur Irma Grese (gardienne de camp à Auschwitz notamment): il ne faut pas croire que ce sont des monstres qui commettent des atrocités, ce sont des gens comme vous et moi. Et c'est bien cela qui est terrible.

N'ayant pas lu, donc, le roman de Slocombe, je ne peux qu'apporter mon avis sur la BD, sans pouvoir juger de l'aspect adaptation, mais en tout cas, j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Une fois l'ouvrage ouvert, je ne l'ai plus lâché de la soirée.

Comments

[Violette]

Je ne connais ni le roman ni la BD mais je crois que ça me plairait !!

[Choup]

C'est à découvrir! l'histoire est fascinante (même si terrible) à lire.

[Aifelle]

Une question me vient à la lecture de ton billet, mais je me doute qu'il faut lire la BD pour avoir peut-être une explication : comment le fils a pu laisser femme et enfant à la garde de ce père indigne ??

[Choup]

Honnêtement je ne comprends pas non plus...mais j'imagine que comme le père avait l'air d'avoir complètement "adopté" la bru, il ne s'est pas méfié? naïveté?

[Alex-Mot-à-Mots]

J'avais adoré le roman de Slocombe. Je trouve le graphisme de la BD un peu classique.

[Choup]

Classique en effet, mais plutôt pas mal je trouve. J'ai vu deux romans de Slocombe à la bibli, je pense emprunté celui qui se passe au Japon dans la même période.