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Benoît Séverac est de retour avec ce nouveau roman qui mêle enquête historique et quête de soi intitulé Le tableau du peintre juif.
Nous y suivons Stéphane, dont l'entreprise a fait faillite et qui végète chez lui pendant que son épouse fait chauffer la marmite en étant vendeuse. Pas franchement fifou. Un jour, l'oncle et la tante de Stéphane lui proposent de récupérer un tableau qui fut pendant des années accroché dans la chambre de son grand-père. Une oeuvre du peintre juif Eli Trudel qu'il aurait caché, avec son épouse, dans sa maison d'un petit village des Cévennes, sur la route de l'exil. Mais quand Stéphane veut faire reconnaître par Yad Vashem le statut de Justes pour ses grands-parents, sa situation se détériore à vitesse grand V. Expulsé d'Israël, ses grands-parents accusés d'avoir spolié le peintre, pas loin d'être célibataire, il se lance alors dans une enquête pour lui vitale: qu'est-il vraiment arrivé au peintre?
De Jérusalem aux monts cévenols, en passant par les Pyrénées et Madrid, nous voilà embarqués dans une quête quasi-existentielle.
Une fois de plus, un coup de cœur pour moi avec un roman de Séverac (je rappelle que son roman Rendez-vous au 10-avril est dans le top 3 de mes romans préférés de toute ma vie de lectrice). (Et je ne sais pas si, comme l'affirment le bandeau et François Busnel, c'est vraiment la rencontre entre Vargas et Bouysse, n'ayant lu ni l'un ni l'autre, mais pour ma part, je trouve ce roman excellent).
Lu pendant mes vacances pyrénéennes en a peine 2 soirées et une sieste avortée (la bataille était perdue d'avance, j'étais trop proche du dénouement!), Le tableau du peintre juif est une passionnante équipée au cœur de l'Histoire. Il y a manifestement eu un très gros travail de documentation pour nous plonger dans le parcours de ceux qui s'exilaient face au péril nazi et collaborationniste, mais aussi sur les réseaux de résistants et de passeurs des Pyrénées.
Alternant présent et passé, nous suivons Stéphane mais aussi ce couple en fuite dans la France occupée, et nous tournons les pages avec avidité. La construction en miroir du roman (la quête de la vérité sur le sort du peintre juif d'un côté, les questionnements de Stéphane sur sa vie et son couple de l'autre) apporte une réelle profondeur à l'histoire. On a là un roman initiatique avec un personnage qui se questionne et grandit au fil des étapes de son voyage physique, historique et intérieur. Le tableau du peintre juif est en cela un beau roman, profondément humain qui interroge notre relations aux autres, famille ou inconnus, notre engagement, nos vanités et nos faiblesses. Et notre capacité à, si ce n'est renaître, du moins évoluer.
Ajoutez à cela une belle galerie de personnages secondaires, bien campés, colorés, quelques magnifiques descriptions de paysages (qui m'ont rappelé sa description du piémont pyrénéen en ouverture de Les chevelues, se déroulant au temps des Romains), l'humour acéré, le sens de la formule et vous avez là un roman qui se dévore. Un plaisir de lecture indéniable que je ne saurais trop vous recommander. Il sort aujourd'hui!
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Trafics et 115 (une duologie);
Une caravane en hiver , Le jour où mon père a disparu (jeunesse)