Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

les impatientes djaïli amadou amal
Avec Les impatientes, de Djaïli Amadou Amal, romancière Camerounaise, nous suivons trois destins de femmes. Ramla, sa soeur Hindou et Safira. Trois femmes qui refusent l'injonction perpétuelle de "munyal!": patience. Trois femmes enfermées, comme tant d'autres dans la tradition et la soumission perpétuelle aux hommes. Un enfer.

Nous les rencontrons le jour du mariage des soeurs Ramla et Hindou 17 ans. Safira, elle, est plus âgée, et elle est la première épouse de l'homme que Ramla épouse. Contre son gré, bien entendu. Car Les impatientes nous conte l'horreur que vivent les femmes dans certaines parties de l'Afrique. Ici, en l'occurrence, nous sommes au coeur d'une société musulmane très traditionnaliste du nord du Cameroun.

Autant vous dire que lire ce roman,  Goncourt des Lycéens 2020, n'est pas de tout repos. Viol, polygamie, violences conjugales etc, rien ne sera épargnée à ces femmes. Et, la lectrice que je suis était effarée, ulcérée, dégoûtée. Bref, en rage la majeure partie du temps. Car ce que montre Djaïli Amadou Amal, c'est comment les femmes ne sont que des objets sexuels, des poules pondeuses, des cuisinières et des bonniches. Tout est leur faute, tout le temps. Elle doivent subir, tête baissée. Se taire et endurer. Encore et toujours.

Ce qui est presque le plus révoltant, c'est comment les femmes elles-mêmes, dans ce contexte de tradition pesante (euphémisme!) et la polygamie, ont intégré, intériorisé cette "doctrine", et la perpétuent. Pire, elles se déchirent, deviennent presque leur pire ennemies. Dans leur lutte sans merci pour le pouvoir au sein de la concession (nom donné à l'habitation commune familiale), les épouses peuvent aller jusqu'au pire. Celle qui obtient le pouvoir, l'autrice nous le montre, en est aussi détruite, quoi qu'elle en pense, que celle qui se retrouve encore plus soumise.

Je n'ai pas été totalement convaincue par le style de Djaïli Amadou Amal. Je l'ai trouvé même assez banal, sauf à la fin de la deuxième partie, celle consacrée à Hindou. Là, son écriture retranscrit parfaitement les sentiments d'Hindou, l'horreur qu'elle subit. Des phrases courtes, pulsées, scandées, qui traduisent l'abjection de ce qu'elle endure...

Pour compléter la lecture de ce roman, je vous conseille d'écouter Djaïli Amadou Amal dans l'émission Une journée particulière. Terriblement émouvant.

Tag(s) : #Ma bibliothèque, #coups de coeur, #Histoires de femmes
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :