
Tiré d'une histoire vraie, Ce que j'appelle oubli est un texte composé d'une seule phrase, un cri, un râle. Un homme, un SDF, est frappé à mort par des vigiles dans un hangar de supermarché, parce qu'il avait pris une bière et l'avait bue dans les rayons du magasin. Quatre hommes contre un seul.
De ce fait divers réel survenu à Lyon en 2009, Laurent Mauvignier, dont c'est le premier livre que je lis, tire un texte qui parle de violence, de vie gâchée, perdue. Il m'a fait l'effet d'un métronome, son tic-tac lancinant qui une fois lancé ne s'arrête plus. Son mouvement de balancier, comme les pensées du narrateur, dont nous ne saurons jamais qui il/elle est, nous emmène dans l'avant, puis l'après, et fait des aller-retours.
Ce que j'appelle oubli, parle de la mort par surprise, surprise pour la victime, pour les agresseurs. L'incrédulité des uns et des autres. Submergés par la violence de la meute. La bêtise. La mort injuste, inique. "On ne tue pas pour ça". Pas pour une bière. Pour plus alors? Deux? 24? "le vrai scandale ce n'est pas la mort, c'est juste qu'il n'aurait pas fallu mourir pour ça, une canette pour rien, comme si on pouvait accepter qu'ils tuent, les vigiles, si c'est utile, s'ils n'ont pas le choix"
Au final, j'ai trouvé le texte juste, mais redondant par moments, peut-être pris dans sa mécanique qui parfois tourne un peu à vide. Il reste cependant l'horreur de cette mort barbare.
.."car alors que lui était vide de tout ils ont pris son corps pour le remplir et le gaver des défauts dont ils voulaient se débarrasser, eux, comme un sac à remplir de pierres, de gravats, de déchets, et il s'est retrouvé gros et difforme de leurs mensonges, des bla-bla, bla-bla, encore, prétendant que le cœur avait lâché..."
"cette blessure quand il se serait demandé, pourquoi vous m'avez méprisé, moi? est-ce que c'est vraiment à cause d'un survêt et d'un t-shirt? de mes cheveux?"
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