
Cadre supérieur dans une grande compagnie de fret maritime, Frank consacre sa vie au travail. Alors qu’il doit faire face à une situation de crise à bord d’un cargo, Frank, prend - seul et dans l’urgence - une décision qui lui coûte son poste. Profondément ébranlé, trahi par un système auquel il a tout donné, le voilà contraint de remettre toute sa vie en question.
Si vous n'avez pas le moral, passez votre chemin. Ceux qui travaillent est un film sombre, une charge implacable, d'une véracité glaçante, contre le capitalisme qui déshumanise.
Franck en est un exemple frappant. Fils de fermiers, il est devenu cadre dans une grande entreprise. D'un point de vue professionnel, il a fait ce qu'il pensait être le mieux pour les intérêts de son entreprise, et au final, pas franchement pire que son collègue qui ne nettoie pas les cales des cargos, qui alternent cargaisons de céréales et de plomb par exemple. Une fois licencié, il se retrouve totalement démuni. Sa recherche d'emploi, entre séminaires pour se remettre en jeu sur le marché du travail, et rdv avec des "amis" pour activer son réseau est déprimante sur la nature humaine. Entre l'hypocrisie des uns, ou son portrait psy révélant un homme totalement et froidement dévoué au capitalisme, dépourvu d'empathie Franck semble flotter, désemparé.
Côté famille, Franck est un père absent, pourvoyeur de budget (très conséquent), une figure lointaine, dure. Les scènes de la vie familiale en disent long. Seule sa plus jeune fille, qui n'a pas plus de 10 ans, est attachée à lui. Les autres, ado ou jeunes adultes l'ignorent...sauf quand il s'agit d'argent. D'ailleurs, l'un d'eux lui dit bien "j'ai accepté de ne pas avoir de père, je n'accepterai pas de changer de niveau de vie". Et voilà donc Franck résumé à sa seule utilité capitalistique.
La scène, répétée plusieurs fois dans le film, où il entre dans sa douche, température de l'eau au plus froid, témoigne de sa solitude, de la dureté de la vie qu'il s'impose, d'une ascèse rigoureuse. Quant au dernier plan...terrible.
Ceux qui travaillent est un film à l'image de son personnage principal: aride. Ascétique. Olivier Gourmet exprime tout son talent, immense, et porte le film sur ses épaules. Sa capacité à transmettre des émotions sans presque bouger est épatante. Antoine Russbach réalise un film âpre, réaliste, qui ne laisse pas beaucoup d'espoir.
L'avis de Dasola
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