Londres, à l’aube de la Première Guerre. John refuse de s’enrôler, à l’inverse de son meilleur ami Martin, mû par un patriotisme vibrant. Bercé par Keats et Thackeray, John préfère se consacrer à la littérature, loin de la violence du conflit. Avec son nouvel ami William, passionné de littérature et de culture allemandes, ils restent circonspects face à la propagande et l'atmosphère ambiante. Après une nouvelle attaque de zeppelins, bombardant la capitale britannique, John va revoir sa position et s'engager. Et lorsqu’il découvre une terrible lettre, que son père, facteur, a omis de remettre à la mère de Martin, John va s'engager sur un voie humainement périlleuse.
Trouvé tout à fait par hasard sur les rayons de la bibliothèque, Courrier des tranchées m'a tentée pour son aspect "vie à l'arrière" (et sa jolie couverture). Je ne vais pas vous dire que je n'ai pas aimé, mais très franchement, ce John peut se montrer parfois une vraie tête à claques. Souvent lâche, puéril (à sa décharge, il est jeune quand la guerre éclate , 19 ans). Il est égoïste également, notamment vis à vis de son père. Mais quand même. Y compris après un an (ou deux, la chronologie m'échappe un peu), je lui ai trouvé des réactions idiotes et futiles. Donc, contrairement à Anne, qui s'est attachée au personnage, j'avoue que pour ma part, John ne restera pas un souvenir positif dans ma mémoire. De plus, j'ai trouvé l'écriture très académique, sans souffle. Évidemment, depuis que j'ai lu le chef d’œuvre (n'ayons pas peur des mots) de Genevoix, Ceux de 14, la plupart des textes qui évoquent les tranchées me semblent insipides. Je ne parlerai même pas des coquilles relevées après les deux-tiers roman (accords incorrects, lettres oubliées...).
Ceci étant dit, malgré ces bémols, j'ai lu ce roman de 590 pages avec intérêt, j'avais envie de tourner les pages, pour savoir comment John allait évoluer. J'ai été déçue de ce point de vue. Néanmoins, Stefan Brijs a fait un gros travail de recherche manifestement,et on plonge avec consternation dans le Londres de la guerre, où la pression sociale était énorme sur les jeunes gens pour qu'ils s'engagent, sans parler des persécutions contre les Allemands voire même Anglais d'origine allemande. De ce point de vue, Courrier des tranchées est très intéressant. Je n'ai rien appris de plus sur la vie dans les tranchées, mais l'auteur apporte des anecdotes sur le contexte qui viennent enrichir le propos.
Courrier des tranchées c'est une exploration des frontières tenues entre courage et lâcheté, en patriotisme et instinct de préservation, loin d'être déplaisante mais qui ne m'a pas totalement convaincue.