Dans ce premier tome de ce qui fut traduit en français sous le titre Dans l'ombre des Tudor - t1. Le conseiller, nous suivons l'ascension au pouvoir de Thomas Cromwell, bras droit du cardinal Wolsey, conseiller du roi Henri VIII, qui devint après la chute du cardinal le plus proche conseiller de sa majesté Riton 8.
Thomas Cromwell, aux origines floues, né probablement aux alentours de 1485, fils de forgeron, a franchi tous les obstacles, jusqu'à parvenir à un niveau de pouvoir inégalé dans le royaume. Dans Wolf Hall/Le Conseiller, nous découvrons les intrigues, la petite et la grande histoire s'entremêlent pour donner un tableau foisonnant des années 1520/30. Ce livre avait tout pour me plaire : roman historique, pavé de plus de 500 pages, personnages forts. Et pourtant. Je ne reviendrais pas sur l'écueil du "on me l'avait chaudement recommandé, du coup je m'attendais à un super bouquin, et j'ai été déçue". Il y a encore autre chose derrière cette déception.
Dire que j'ai été agacée par le style de l'auteure est un euphémisme. Elle choisit de ne quasiment jamais nommer Cromwell dans sa narration, mais seulement d'écrire "il". Ce qui apporte une sacrée confusion parfois, et il m'a ainsi fallu à plusieurs reprises relire des passages pour savoir qui était ce "il" Cromwell, ou un autre des personages présent dans la scène? [Honnêtement, j'en suis même venue par moments à me demander si j'étais idiote. Et puis, en lisant des commentaires de lecteurs dont l'anglais est la langue maternelle, j'ai retrouvé des ressentis similaires au mien.]
Même chose pour les dialogues. Certains sont pourvus des attributs du style direct (guillemets, tirets etc), mais d'autres pas, et sont perdus au milieu d'un paragraphe. Et l'on s'aperçoit après quelques lignes qu'en fait on lit un dialogue, pas des pensées. Agaçant je vous dis! Le choix du présent, déjà, n'était pas particulièrement pour me plaire, mais à la limite, cela ne me gêne pas trop. L'insertion, par moments, de très courts paragraphes de flash-back sont aussi destabilisants.
Avoir choisi de mêler intimement petite et grande histoire est un choix assumé par Mantel. Et j'apprécie les auteurs qui savent recontextualiser l'intrigue particulière dans un canevas plus large. Je trouve cependant que sous la plume de H. Mantel, les grands évènements n'ont pas plus d'importance qu'une anecdote en passant. Le procès de Thomas More est expédié en quelques pages par exemple. Du coup, l'ensemble manque de relief et même de rythme.
Je me pose également des questions par rapport à ses choix concernant les caractères des personnages. Evidemment, l'Histoire dépeint souvent à tort des individus comme des monstres ou en fait au contraire des héros. Tout dépend qui écrit cette fameuse Histoire. Cromwell est dépeint d'habitude comme un "salaud". Ici, on découvre un homme très proche de sa famille, presque doux. certes il n'a pas beaucoup de scrupules, mais ses manipulations et les emprisonnements, tortures qu'il a fait subir sont quasiment passés sous silence, alors qu'on nous régale des "exploits" en la matière de Thomas More. Vous me direz, "évidemment, Choupy, tout cela est conté du point de vue de Cromwell". Oui, bon. Si vous voulez.
De la même manière, j'ai trouvé qu'Anne Boleyn manquait singulièrement de nuances. Elle n'est qu'une catin, limite empoisonneuse, avide et calculatrice.
Ceci étant dit, j'ai très envie de lire d'autres livres sur la période, et je me pencherai peut-être sur le deuxième tome : Bring up the bodies ( et en cherchant le titre en français du second tome, je m'aperçois que l'éditeur a eu la "bonne" idée de l'appeler Le Conseiller - Le pouvoir. Donc, entre deux tomes, on change le nom de la série, exit "Dans l'ombre des Tudor"... *soupir* bref.)
Wolf Hall est un roman foisonnant, qui retranscrit une période troublée et met en scène des personnages forts. Il a reçu de nombreux prix dont le Man Booker Prize en Grande Bretagne et il a été adapté au théâtre.
Un pavé qui se glisse dans le challenge de Brize "Les pavés de l'été".
Val l'a lu aussi.
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