Vous l'avez peut-être entendu ou lu, Doris Lessing, prix Nobel de littérature en 2007 est décédée ce week-end.
Elle avait été mise à l'honneur de notre club toulousain Lire et Délires au mois de septembre. Et chose rare, si il en est, elle avait fait l'unanimité au sein du groupe. J'avais lu pour ma part l'excellent Vaincue par la brousse. Je ne m'en étais pas tenue là, et avais lu par la suite Victoria et les Staveney.
Victoria est une petite fille noire habitant Londres. Très vite, elle a dû devenir autonome. Sa mère morte, elle est recueillie (à contre coeur) par sa tante, qui lui fait bien sentir que ce n'est que par devoir filial qu'elle accepte la petite fille. Elle devra ensuite être la garde malade de cette tante atteinte d'un cancer. Dur quand on est une petite fille/adolescente. Un jour, elle est hébergée par les Staveney, riche famille blanche. Elle entrevoit alors un tout autre monde.
Des années plus tard, Victoria entamera une relation, le temps d'un été, avec l'un des deux fils Staveney. De cette union naîtra Mary, petite métisse. Victoria tait pendant longtemps au père l'existence de Mary. Mais un jour, alors qu'elle est dans une situation financière difficile, elle se résout à contacter le père. C'est une décision qui aura de lourdes conséquences.
Doris Lessing, de sa plume toujours aussi clinique, aborde comme dans Vaincue par la brousse, l'idée d'une certaine fatalité dans le destin des individus. Victoria semble ne pas pouvoir s'extraire de son milieu très pauvre, où les femmes finissent souvent dans des emplois très mal payés ou survivant grâce aux allocations sociales. Lessing retrouve également le thème du rapport des "races", mais aussi des rapports sociaux.
C'est un terrible constat que pose là l'auteure, entre misère sociale, préjugés raciaux et déterminisme. Victoria et les Staveney sont tous enfermés dans des "normes" sociales, des comportements prédéfinis. L'air de rien, dans ce très court roman (moins de 100 pages), Doris Lessing porte la critique de sociétés contemporaines faussement tolérantes où chacun est prié de resté bien à sa place.
Une lecture certes moins forte que celle de Vaincue par la brousse, mais qui nous pousse à nous interroger sur notre rapport à la différence.
Si vous n'aviez encore jamais lu Doris Lessing, il est temps de la découvrir!!