Vera Drake est une petite bonne femme pleine d’entrain, chantonnant et aidant son prochain, toujours le sourire aux lèvres.
Au tout début de ces années 50, femme de ménage pour des familles bourgeoises de Londres, elle vit dans un petit appartement défraichît, avec sa fille Ethel, son fils Sidney tailleur, et bien sûr son mari Stan, qui tient un garage avec son frère Franck. Rien que de très banal en somme. Et pourtant. Vera selon ses propres mots « aide des jeunes filles». Elle pratique secrètement des avortements. Mais un jour, une de ces jeunes filles doit être hospitalisée, et sa mère n’a pas d’autre choix que d’avouer, devant la police, que sa fille a subit un avortement illicite. Et donne le nom de Vera, qui sera finalement emprisonnée.
Film bouleversant que celui-ci, récompensé du Lion d’or, à juste titre, à la Mostra de Venise et aux BAFTA notamment. Mike Leigh filme avec beaucoup de réalisme cette époque. Une époque où les femmes n’étaient vraiment pas à la fête. A la merci des hommes qu’ils soient maris, amants ou violeurs. C’est elles qui doivent vivre avec les conséquences de leurs rapports avec le « sexe fort ». Et quand elles ne peuvent plus ou pas, un acte terrible, rendu plus violent encore par l’obligation de clandestinité et la honte qui va avec, est leur seule solution. Mais Leigh montre bien comment, là encore, suivant le milieu dans lequel évoluent ces femmes, les situations sont différentes. La bourgeoise sera avortée dans une clinique avec tout le confort nécessaire, sous couvert d’un week-end à la campagne. Alors que les classes moyennes ou défavorisées sont livrées aux « bons » soins des « faiseuses d’anges ». Vera Drake fait partie de ces femmes. Certaines ne sont vraiment pas sympathiques, d’autres le font uniquement comme un moyen de gagner de l’argent rapidement. Vera au cœur d’or, d’une naïveté touchante, ne sait même pas que celle qui lui envoie les filles leur fait payer ses services. Elle l’apprendra lors de son interrogatoire.
Mike Leigh utilise magnifiquement les décors, les couleurs, pour camper une ambiance, une atmosphère. Clair, lumineux et doré chez les bourgeois ; sombre, étouffant et défraîchi chez Vera et ses semblables. Et que dire de sa direction d’acteur ? Qu’elle est d’une justesse rare. Imelda Staunton, qui joue le rôle titre a reçut plusieurs prix pour sa prestation magnifique. De sa voix, à son regard, en passant par le langage corporel, elle est épatante. Et tous les autres acteurs sont au diapason.
Un film qui nous rappelle que l’avortement est un droit et une liberté essentielle et précieuse, et que son interdiction ne mène qu'à l'hypocrisie, mais, pire que tout, à des drames.
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