Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Charles Marden est juge sur une petite île au large de Vancouver quand il apprend que son fils est mort à Ypres. Nous sommes à l'automne 1918. Sa femme, Laura, vien tjuste de mourir de la grippe espagnole. Charles décide alors de quitter son île pour marcher sur les pas de son fils, et voir l'endroit où il est mort. Mais il n'est pas le seul: une jeune femme est également à la recherche de ce lieu et semble avoir eu une relation avec le fils de Charles.La narration alterne entre entre texte à la troisième personne et journal de voyage écrit par le personnage principal. Carnet qui prend de plus en plus de place au fur et à mesure que Charles se rapproche d'Ypres.

L'auteur se sert beaucoup du paysage, de la nature pour évoquer la guerre. Soit pour souligner le paradoxe d'un lieu idyllique, si loin de la France et de ses terres ravagées, où les familles attendent sans un mot, sans espoir, un fils, un père, un mari. Soit pour illustrer la violence, témoigner des tranchées ennemies a peine à 60 mètres les unes des autres; la terre meutrie, les os blanchis, les obus qui attendent d'exploser.

Sur un sujet difficile, le deuil (sans corps) d'un enfant dans un conflit lointain, sur un autre continent, Wetherell propose un texte d'une grande pudeur, tout en retenue, en intériorité. Jamais de grandes tirades, de cris ou de larmes. C'est par petites touches, quelques rencontres que l'auteur nous fait suivre le pélerinage de son personnage, entre hébétude et tumulte intérieur.  Charles est un personnage qui ne parle pas beaucoup, et comme tant d'autres civils ayant perdu un ou des proches, il se dirige aveuglément vers le lieux de son pélerinage, tentant d'imaginer les sentiments et impressions des soldats lors de leur route vers le front. Ces voyageurs en deuil dorment même parfois dans les trous d'obus.

Ce qui m'a vraiment touchée, c'est cette pudeur, cette retenue dans le texte. Là où certains auraient tenté avec les violons de nous tirer des larmes, Wetherell ne tombe pas dans ce travers, et propose un voyage au coeur du chagrin mais avec une dignité incontestable, qui donne toute sa force au récit.

Les autres billets publiés chez BoB.

Tag(s) : #Ma bibliothèque
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :