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Newland Archer, symbole de toute une société imbue d'elle-même, devient, sous la plume d'Edith Wharton, http://2.bp.blogspot.com/_YJDH1bKgQbQ/TC3-U7_bt9I/AAAAAAAAAHU/hHvfFpKGfwg/s320/The+age+of+Innocence.jpgl'incarnation d'un espoir avorté. A la veille de ses fiançailles avec la chaste May Welland, appartenant comme lui à la plus haute caste new-yorkaise des années 1870, il rencontre Ellen Olenska, comtesse désargentée, sensuelle et éprise de liberté. Mais il ne trahira jamais ses principes ; sa passion le condamne donc à une vie d'amertume.

Après avoir lu avec beaucoup de plaisir il y a quelques temps déjà Xingu, que je ne saurais trop vous recommander pour découvrir Edith Wharton, j'ai choisi The age of innocence (Le temps de l'innocence). Histoire d'amour contrarié sur fond de peinture au vitriol de la "folle" société new-yorkaise de la fin du XIXème siècle: tout pour me plaire. J'avais déjà vu avec ma compagne de visionnage dvd-esque l'adaptation du roman par Scorcese, qui m'avait beaucoup plue.

Je dois avouer cependant dès maintenant que si j'ai apprécié cette lecture, j'en suis sortie un brin déçue.

Je me suis pas mal ennuyée pendant les 50/80 premières pages, assez languissantes, où l'on se perd facilement dans les divers arbres généalogiques, imbriqués les uns aux autres. Puis, l'intrigue prend son essor, et la plume de Wharton fait son office. Avec moins d'humour cependant que dans Xingu, et c'est là mon principal regret.

En dehors de ce petit bémol, The age of innocence fut une lecture très agréable, édifiante aussi, nous plongeant dans l'horrible pesanteur de la société new-yorkaise puritaine et snobinarde, plus conservatrice probablement que l'aristocratie britannique (qu'elle regarde d'ailleurs avec une condéscendance un brin dégoûtée). J'ai été ébahie devant tant de rigidité, un corps social enserré dans un corset si rigide, aux règles multiples (sans fin?), qu'il en étouffe littéralement les individus qui le composent.

Il est très intéressant de voir Newland (porter un nom de famille comme prénom...il n'y a probablement que les Américains pour faire cela!) être peu à peu attiré par la comtesse Olenska, alors même qu'il la voit au départ, comme les autres, comme une personne scandaleuse (sa tenue à l'opéra!) à la vie non moins scandaleuse. Un divorce, pensez-vous!

Puis son opinion change au gré de quelques conversations. Ils se désirent, mais toujours, toujours, la bienséance, les règles sociales, l'honneur familial s'érigent en un mur infranchissable. Car New York ne saurait accepter cela. New York, ville qui est presque douée d'une personnalité.... pour permettre à la bonne bourgeoisie bien pensante de se cacher derrière cette entité toute puissante. New York n'accepte pas, New York ne permet pas. New York aime et châtie. Et gare à celui ou celle qui dépasserait les bornes.

C'est effarant et effrayant. Au même titre que la place de la femme dans cette société. Dans de nombreuses68135280 remarques, on sent le féminisme de Wharton.

Face à Newland et Ellen coupables d'aimer en dehors des règles régissant leur cercle très fermé, tous deux honnêtes et dignes, il y a May, la douce et innocente May. Innocente, vraiment? Non car derrière May et sa terreur du déshonneur, son acceptation totale (et presque abjecte) des convenances, se cache une femme manipulatrice de la plus belle eau. 

Wharton propose dans ce roman un peu long à mon goût une galerie de portraits dessinés à l'acide, un monde desormais révolu (mais finalement, l'est-il tant que cela?) où la règle sociale écrase l'individu. Pour le bien de tous.

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