Ambiance sudiste, avec ce charleston de Jango Reinhardt.
Deuxième et dernière lecture pour ce défi Halloween bien rempli (une fois n'est pas coutume, j'ai fini un défi dans les temps!), Riverdream est un excellent roman "de vampires" qui nous emmène sur le fleuve Mississippi au XIXème siècle. Aux côtés d'Abner Marsh, directeur d'une moribonde compagnie de paquebots, nous découvrons le monde sombre et dangereux des vampires. Abner, aux abois après le désastre de l'hiver qui a vu la plupart de sa flotte sombrer, cède à la proposition alléchante mais aussi un rien inquiétante de Joshua York, richissime noctanbule, et vous l'aurez compris, vampire. Ils construisent le Rêve de Fevre qui donne son nom au roman en anglais (Fevre dream), dont Abner ambitionne de faire le vapeur le plus rapide du fleuve.
Ce roman fleuve, si vous me permettez ce jeu de mot, a trois grands atouts. D'une part la reconstitution minutieuse d'une époque, d'un lieu et d'une atmosphère, celles des vapeurs stars sur le fleuve mythique des Etats-Unis. Les courses, les enjeux où tout ce jeu sur un voyage, les beuveries, les légendes du fleuve, les escales sur le fleuve, les villes dortoirs aux quartiers où chaque rue est un coupe-gorge. Tout cela, Martin le retranscrit parfaitement, et nous plonge avec délices dans les aventures des capitaines de bateaux.
D'autre part, les personnages, tous bien campés, ils apportent une densité certaine à l'intrigue, elle-même très bien ficelée, au suspense entretenu tout du long. Abner, Joshua, leur ennemi commun, le maître du sang, sorte de bête meurtrière lasse et au-delà de la folie, l'équipage du bateau. Tous sont étoffés, Martin les rend vivants pour son lecteur.On notera que les vampires ne craignent pas l'ail ni l'eau bénite, on un reflet dans les miroirs etc.
Enfin, et c'est là je pense tout l'intérêt de ce roman foisonnant, le parallèle qui est fait entre rapports blancs/noirs et humains/vampires. Pour les blancs comme pour les vampires, "l'autre race" est "le bétail", insignifiant, il n'est qu'un outil, un moyen au but d'une fin (faim?). Les conversations entre Abner et Joshua, une fois que le capitaine a compris la vraie nature de son associé, sont très intéressantes, et parfois même frôlent la philosophie. Ce sont des passages très bien écrits, jamais "gnagnans", intelligents et ne cassent pas le rythme de la lecture.
En somme, une excellente lecture, dépaysante, passionnante, intelligente.
Les avis tout aussi enthousiastes du Biblioblog et de Karine.
Lu dans le cadre du challenge Halloween de Lou et Hilde.
Autres billets relatifs à ce challenge: films: Morse, Suck, Thirst; roman: Carmilla.