Maroc. Au cours d'une baignade en famille, un des fils meurt noyé. Il venait de réussir le concours pour rentrer dans la gendarmerie. La Mère décide alors d'échanger l'identité de ce fils décédé avec celle d'un autre fils. Celui-ci verra son nom inscrit sur une pierre tombale, et sa vie "confisquée" par une Mère toute puissante. Hors de la maison familiale, Fayçal, devenu M'hammed, va engager une véritable réflexion sur son identité, ses relations avec sa famille. Comme beaucoup d'autres, il partira pour l'Europe et l'Espagne. Non pour motif économique, puisqu'il est fonctionnaire, mais pour se trouver. Comprendre qui il est.
Voilà un roman d'une lecture très agréable, qui nous interroge sur un thème dont on nous a rebattu les oreilles récemment, l'identité (même si c'était à un autre niveau). Qui sommes-nous? Molécule du corps familial? Sous la coupe de la Mère? Notre destin est-il tracé? L'auteure pose également la question de l'immigration sous un autre angle, celui de la recherche de soi, de la fuite non pour motif économique, mais pour motif "psychologique". Et si être en pays étranger permettait de comprendre notre identité, de quoi elle se compose? Ce qui tient de l'attachement "obligé culturellement", et ce qui tient d'un attachement librement consenti.
Hayat El Yamani se sert beaucoup (peut-être un peu trop à mon goût) des rêves de son personnage pour illustrer ses peurs, expliquer les ressors cachés des relations avec sa Mère, avec les femmes etc... J'aurais peut-être préféré que l'auteure soit plus dans l'implicite parfois.
Mais hormis ce petit bémol, Rêve d'envol est un roman initiatique, sur une quête que nous menons tous à un moment ou à un autre, écrit avec beaucoup de pudeur et de dignité.