Francis et Marie, deux amis, tombent amoureux d’un même homme, Nicolas. Leur trio va rapidement se transformer en relation malsaine où chacun va tenter d'interpréter à sa manière les mots et gestes de celui qu'il aime...Rencontres communes, compétition à fleurets plus ou moins mouchetés, coups de téléphones un rien désespérés, regards en coin, cadeaux comparés, Xavier Dolan analyse, scrute ses personnages dans leur relation à l’autre, et surtout leur relation à l’amour et l’image de l’autre. Dans un café, dans une soirée, à la campagne autour d’un feu de bois, il revisite les étapes obligées (clichées) de la séduction et du désamour.
On a dit beaucoup de choses de Dolan et de ses Amours imaginaires. Génie. Finesse. Tendresse. Inventivité.
Il y a en effet un peu de toute cela. Sauf qu’après une heure de démonstration ininterrompue de l’inventivité du jeune homme (Dolan est un tout jeune « vingtenaire »), les procédés cinématographiques (filtres de couleur, ralentis) deviennent lassants.
Oui, la scène de la soirée d’anniversaire avec la représentation de l’idée que se font chacun Nicolas (statue d’éphèbe pour Marie, dessin de Cocteau pour Francis) est excellente. Même si elle n’est pas follement originale.
Oui, le ralenti superbe sur la musique de Dalida quand Marie et Francis vont séparément au rendez-vous initié par Nicolas donne à voir tout l’enjeu que revêt cette rencontre pour les deux amoureux. Il permet de faire monter la tension, de dramatiser la scène imminente.
Oui, les scènes post-coït où Marie et Francis ont chacun trouvé un « fuck-friend » sont intéressantes sur ce qu’elle nous dit de la psychologie des personnages. Sur une suite pour violoncelle de Bach, on constate que l’amour n’est pas toujours joyeux. Mais le filtre rouge ?
Mais quand les ralentis se multiplient, quand du filtre rouge, on passe au jaune, puis au bleu, c’en est trop. Oui, il y a beaucoup d’idée. Oui, l’inventivité de la mise en scène est accrocheuse, intéressante, mais le tout est répété à l’infini (enfin, j’exagère c’est uniquement jusqu’à la fin du film), et au bout d’une heure, on baille. Moi, je baille en tout cas.
Au final, heureusement qu’il y a intercalées à ce récit, des scènes « de la vraie vie », où des individus lambda racontent l’amour, le sexe, les relations. Chacun(e) donne un avis, où raconte une relation qu’il/elle a eu. La « stalkeuse » à lunettes est absolument géniale, d’ailleurs. Ces scènes apportent une fraîcheur, une spontanéité qui manque totalement à l’histoire de notre trio infernal. Le seul aspect qui m’a ennuyée de ces interview/confession à la Mireille Dumas, c’est l’utilisation de la caméra, avec zoom et dé-zoom intempestif. Très agaçant. Et je ne vois pas trop ce que cela apporte.
Au final, un film qui m’a semblé très poseur, mais pas dépourvu d’une certaine intelligence. J’ai plus eu l’impression d’un réalisateur qui s’amusait de ses idées « regardez comme ce que je fait est novateur ! ». Mais la répétition lasse, je le re-dis. Nous sommes allés visionner ce film à trois (!!) et nous avons eu le même avis. A vous de vous faire le votre !
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