A l'été 1945, dans un Japon impérial vivant ses derniers instants avant de capituler sans conditions, Seita jeune ado et sa petite soeur Setsuko voient leur mère mourir sous les bombes incendiaires. Leur père, dans la Marine, n'a plus donné de nouvelles depuis des mois. Ils se réfugient chez une tante, mais celle-ci ne tarde pas à leur faire sentir qu'ils ne sont qu'une gêne. Seita décide donc d'aller occuper, au bord d'une rivière, un sorte de bunker désaffecté. Commence alors une période étrange, presque magique, où les deux enfants vivent simplement, leurs nuits illuminées par les lucioles qui volettent.
Mais comme les lucioles à la vie si éphémère, cette situation ne peut durer. Rapidement, les vivres manquent, et Seita fait ce qu'il peut pour subvenir aux besoins de sa petite soeur qui dépérit de jour en jour.
Voilà, chers lecteurs, un film d'animation absolument bouleversant de poésie, mais également tragique. Le premier plan annonce la couleur: cela finit mal. Comment pouvait-il en être autrement? Deux enfants sans ressources, dans un Japon où le patriotisme (fanatisme?) plonge les habitants dans le déni face au désastre imminent, où les relations sociales sont régies par le paraître. Où face à un enfant mourant de faim, les gens s'indignent: quelle image ce petit pouilleux va-t-il donner du pays aux Américains qui vont bientôt débarquer?
Ce film est, je le disais, plein de poésie. Certains passages font totalement oublier le contexte terrible des bombardements, des kamikazes et autres joyeusetés de la guerre. Deux enfants vivent dans leur bulle, leur innocence. Au dehors, le Japon survit dans des conditions précaires, avec le rationnement, les B52 qui bourdonnent au dessus des villes et lâchent leurs cargaisons mortifères.
L'auteur, Isao Takahata, dénonce la folie meurtrière qui a mené à un tel désastre. Une phrase dit tout. Alors que Seita découvre que le pays a capitulé, on lui apprend que la Marine a été totalement détruite. C'est l'espoir de revoir son père qui s'évanouit, et l'image d'un avenir incertain qui s'installe. "Papa, qu'est-ce que tu as fait?". Dans cette question toute rhétorique, Isao Takahata fait référence à l'Empereur qui a entraîné son pays dans l'horreur.
Un film magnifique, bouleversant, adapté de la nouvelle éponyme de Akiyuki Nosaka.
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