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Elire les juges d’application des peines (JAP), idée lumineuse de notre admiré ministre de l’Intérieur, le Brice, est une bonne chose. Car on le sait bien, le peuple a toujours raison. Rien de mieux que la sagesse populaire made in Café du commerce pour remettre voyous et racailles en tout genre dans le droit chemin.
Car enfin, il serait temps que cette corporation secrète, qui se serre les coudes en toutes circonstances sur le dos des petites gens, se rende compte dans quel monde on vit. Bidonvilles remplis de voleurs de poules, pans entiers de villes laissés aux mains de délinquants encasquetés, immigration – que dis-je – déferlante de travailleurs illégaux venus voler le pain des bons Français de souche, et j’en passe.
Non, il est temps que notre patrie bien-aimée redevienne une nation respectée, que les Jeunes se mettent au garde à vous devant leurs Aînés, que le drapeau flotte enfin fièrement sur nos frontons. Et que la peur, la saine peur, fasse trembler tous les vauriens qui jettent sur nous la honte.
Oui, si enfin les JAP étaient élus par nous, le Peuple de France, héritier des Maurras et consorts, nos fiers penseurs, la France cesserait d’être la risée du monde et de marcher sur la tête. La Justice doit être rendue au Peuple, les corporations se sont trop longtemps emparées du pouvoir, l’ont utilisé à leur seul profit pour protéger les Grands et asservir les Petits. Et dans le même temps, laisser sortir les fous dangereux qui parcourent nos villes aux heures sombres – et parfois même en pleine journée, tant ils confiance dans l’incurie de notre justice ! – à la recherche de leurs proies.
La France aux Français, la Justice au Peuple, et les vaches seront bien gardées ! Et les criminels pendus haut et court, si possible.
J’étais tellement stupéfaite ce matin, en entendant à la radio l’idée grotesque d’Hortefeux sur l’élection des JAP et l’introduction de jurés populaires dans les tribunaux correctionnels, que j’ai eu l’idée de ce petit texte. Encore une fois, une annonce, un effet de manche, pour cacher les carences énormes de la soi-disant « politique de sécurité » du Nain. Faire élire les juges, c’est rien moins qu’ouvrir la Justice aux affres de la politique (comme si elle ne les connaissait pas déjà assez) de la démagogie et du populisme.