Je viens de lire un livre de Gilbert Gadoffre sur Ronsard, dont je vous parlerai la semaine prochaine. Si le propos est souvent dense et la lecture parfois laborieuse, à cause de mes lacunes dans le domaine de la littérature de la renaissance, ce fut un vrai régal.
Alors, une citation d'un poème de Ronsard? Eh bien non. Une lettre de papa Ronsard, encourageant son fils dans les métiers du droit... et non pas dans la poésie, carrière bien précaire. Voici ce qu'il lui dit.
Homère, que tu tiens si souvent en tes mains
Qu'en ton cerveau mal-sain comme Dieu tu te peins,
N'eust jamais un liard; sa Troyenne vielle,
Et sa Muse qu'on dit qui eut la voix si belle,
Ne le sceurent nourrir, et falloit que sa faim
D'huis en huis mendiast le misérable pain.
Laisse-moy, poauvre sot, ceste science folle;
Hante-moy les Palais, caresse moi Bartolle,
Et d'une voix, dorée, au milieu d'un parquet
Aux despens d'un pauvre homme exerce ton caquet,
Et fumeux et sueux, d'une bouche tonnante,
Devant un President mets-moy ta langue en vente:
On peut par ce moyen aux richesses monter,
Et se faire du peuple en tous lieux bonneter.
Cela dit, si Ronsard connût la célébrité que l'on sait, il arriva à une sorte de compromis. Il se fait conférer la tonsure par l'évêque du Mans, ce qui lui réserve le droit de briguer plus tard des bénéfices écclésiastiques. C'est moins sûrs en terme de revenus que ce que prônait Papa Ronsard, puisque la distribution des bénéfices, depuis le concordat de 1515, dépendait du bon plaisir des princes. Ah, ces jeunes, ils n'en faisaient - et n'en font toujours! - qu'à leur teste! ^^
Merci à Chiffonnette pour ces Jeudis de culture!
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