Sous l'égide de Chiffonnette:
"-Tenez, voilà Les dons des Comus par François Marin, Paris 1739.
Il chercha fébrilement la bonne page et se mit à lire à haute voix.
-"La cuisine est une espèce de chimie et la science du cuisinier consiste à décomposer, à faire digérer et à quintessencier les viandes et à en tirer des sucs nourrissants et pourtant légers, à les mêler et à les confondre ensemble de façon que rien ne domine et que tout se fasse sentir". J'arrête là ce galimatias. Pour moi, je tiens qu'une viande doit être une viande et avoir goût de viande.
Il saisit un autre livre, barde de signets lui aussi.
- Voilà ma bible messieurs: Lettre d'un pâtissier anglois au nouveau cuisiner françois, par Dessaleurs, Paris 1740. Ecoutez: "Quel ragoût pour les personnes délicatement voluptueuses qu'un plat chimique où il n'entre que des quintessences raisonnées et dégagées avec précision, de toute terretréité! Le grand art de la nouvelle cuisine, c'est de donner au poisson le goût de la viande, et à la viande le goût du poisson, et de ne laisser au aux légumes absolument aucun goût." Voilà bien ce que je pense de ces nouveautés condamnables, hérétiques même.
Il revint s'asseoir, tout animé de son indignation."
Extrait de L'énigme des Blancs-manteaux, de JF Parot.
Reconnaissez qu'il a raison, ce personnage (j'aime son indignation, et cet ironique "voilà ma bible messieurs"), et que Ferran Adria, le mondialement connu chef du restaurant "chimique" El Bulli n'a rien inventé!
Je précise que les textes cités par Farot, ont vraiment existé.