Hathaway m'a proposé de lire avec elle ce roman...
Exercice périlleux s'il en est, auquel s'est attaché Jean Teulé (auteur déjà chroniqué dans ce blog pour son Magasin des suicides. ) Mais exercice réussi - et brillamment en plus!
François Villon est un personnage mystérieux, quasi mythique. Poète renommé, il vécu dans un Moyen Âge ultra violent, où l'on coupait à qui mieux mieux oreilles, mains etc. Teulé imagine ici, à partir du peu d'informations vérifiées qui nous sont parvenues, la vie tumultueuse du poète.
Si vous n'avez pas le coeur bien accroché, vous aurez beaucoup de mal avec ce roman. Rien ne nous est épargné des turpitudes de Villon et de ses acolytes. Mais aussi des bourreaux, de la torture etc. Je ne parlerai pas de Villon ici, mais plutôt du personnage de Villon. Car c'est bien ce que Teulé crée ici: un Villon entre réel et mythe.
Donc, ce Villon., qu'en est-il? Eh bien c'est un personnage fascinant, dérangeant. Enfant de parents qui finirent exécutés (son père fut pendu le jour même de sa naissance d'ailleurs), Villon est élevé par un moine, mais va très vite prendre les chemins de traverses et pour finir s'acoquinera avec les pires truands, voleurs, tueurs de l'époque: les Coquillards.
Si j'étais un peu réservée au début de ma lecture, j'ai rapidement été embarquée par ce roman foisonnant, dense, vif et brillant (rien que ça!). Par moment, je me suis fait l'impression d'être un passant arrêté devant un accident de la route: fascination morbide, entre l'effroi et le dégoût. Car il faut bien le dire, Villon n'a pas fait dans la dentelle. Et parfois, l'on se demande: pourquoi? Pourquoi quitte-t-il si vite le droit chemin? Pourquoi donne-t-il sa fiancée, qu'il semble vraiment aimer, aux Coquillards? Pourquoi vole-t-il la main qui le nourrit? J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié que Teulé ne donne jamais de réponse toute faite. Il montre également l'aspect mythique du poète, ou comment Villon est dépassé par son propre personnage. C'était vraiment un "people" de l'époque. Bon très trash, on est d'accord, Amy Whnehouse et Pete Doherty peuvent aller se rhabiller.
Autre qualité indéniable: le style de Teulé. Quelle plume vraiment! Ce fut une lecture presque cinématographique (genre 3D, son et lumière + odeurs. La totale!), on y est - du début à la fin. C'est cru, graphique, violent, dérangeant. Mais que c'est bien fait! Enfin, notons la structure du roman, qui insère, parfois directement dans la prose, les poèmes de Villon, d'autres fois sous forme plus classique de présentation de poème en vieux et nouveau françois.
Vous l'aurez compris, malgré la dureté de certains passages, j'ai été frappée par cette lecture (dire que je l'ai aimée n'est vraiment pas le mot, car on souffre beaucoup), qui reste encore très présente à mon esprit plus d'une semaine après...
Ceux qui m'ont donné envie de lire ce roman: Thom, Yue Yin. Merci à Bluegrey pour le prêt.
L'avis d'Hathaway.
Exercice périlleux s'il en est, auquel s'est attaché Jean Teulé (auteur déjà chroniqué dans ce blog pour son Magasin des suicides. ) Mais exercice réussi - et brillamment en plus!
François Villon est un personnage mystérieux, quasi mythique. Poète renommé, il vécu dans un Moyen Âge ultra violent, où l'on coupait à qui mieux mieux oreilles, mains etc. Teulé imagine ici, à partir du peu d'informations vérifiées qui nous sont parvenues, la vie tumultueuse du poète.
Si vous n'avez pas le coeur bien accroché, vous aurez beaucoup de mal avec ce roman. Rien ne nous est épargné des turpitudes de Villon et de ses acolytes. Mais aussi des bourreaux, de la torture etc. Je ne parlerai pas de Villon ici, mais plutôt du personnage de Villon. Car c'est bien ce que Teulé crée ici: un Villon entre réel et mythe.
Donc, ce Villon., qu'en est-il? Eh bien c'est un personnage fascinant, dérangeant. Enfant de parents qui finirent exécutés (son père fut pendu le jour même de sa naissance d'ailleurs), Villon est élevé par un moine, mais va très vite prendre les chemins de traverses et pour finir s'acoquinera avec les pires truands, voleurs, tueurs de l'époque: les Coquillards.
Si j'étais un peu réservée au début de ma lecture, j'ai rapidement été embarquée par ce roman foisonnant, dense, vif et brillant (rien que ça!). Par moment, je me suis fait l'impression d'être un passant arrêté devant un accident de la route: fascination morbide, entre l'effroi et le dégoût. Car il faut bien le dire, Villon n'a pas fait dans la dentelle. Et parfois, l'on se demande: pourquoi? Pourquoi quitte-t-il si vite le droit chemin? Pourquoi donne-t-il sa fiancée, qu'il semble vraiment aimer, aux Coquillards? Pourquoi vole-t-il la main qui le nourrit? J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié que Teulé ne donne jamais de réponse toute faite. Il montre également l'aspect mythique du poète, ou comment Villon est dépassé par son propre personnage. C'était vraiment un "people" de l'époque. Bon très trash, on est d'accord, Amy Whnehouse et Pete Doherty peuvent aller se rhabiller.
Autre qualité indéniable: le style de Teulé. Quelle plume vraiment! Ce fut une lecture presque cinématographique (genre 3D, son et lumière + odeurs. La totale!), on y est - du début à la fin. C'est cru, graphique, violent, dérangeant. Mais que c'est bien fait! Enfin, notons la structure du roman, qui insère, parfois directement dans la prose, les poèmes de Villon, d'autres fois sous forme plus classique de présentation de poème en vieux et nouveau françois.
Vous l'aurez compris, malgré la dureté de certains passages, j'ai été frappée par cette lecture (dire que je l'ai aimée n'est vraiment pas le mot, car on souffre beaucoup), qui reste encore très présente à mon esprit plus d'une semaine après...
Ceux qui m'ont donné envie de lire ce roman: Thom, Yue Yin. Merci à Bluegrey pour le prêt.
L'avis d'Hathaway.