L'année dernière, j'avais vu et peu apprécié Bent, un film avec Clive Owen sur le sort réservé aux homosexuels par les nazis en Allemagne. A l'époque InColdBlog m'avait conseillé de lire cet album, sur le même sujet: comment les fascistes italiens de Mussolini ont traité les "invertis". Refusant, niant la réalité: non, en Italie il n'y a que des hommes, des vrais, virils, des poilus au menton en avant.
En Italie il n'y a que de vrais hommes raconte l'histoire de Antonio, dit aussi Ninella, homosexuel, enfermé comme beaucoup d'autres dans une prison à ciel ouvert, une île. Nous voyons comment il est arrêté, dans un guet-apens, humilié puis envoyé sur l'île de San Domino. Les homosexuels ne sont pas mélangés aux prisonniers de droit commun, bien sûr. Leur vie s'organise, chacun reprenant si possible son métier. On vit chichement avec les 7 lires que donne le gouvernement, à peine de quoi s'acheter du savon, et encore. Paradoxalement, dans cet enfermement, ils sont libres de vivre ouvertement leur vie et leurs préférences, sans crainte de la dénonciation.
L'album est construit sur des flashs-backs, des journalistes du présent interviewant le vieil Antonio-Ninnela, qui raconte ses souvenirs. Par le biais de cette habile construction, les auteurs peuvent montrer autant les problèmes de l'époque fasciste que ceux du présent, pas si différents, et comment tout le monde voudrait oublier cette terrible période. Car à quoi bon se souvenir du malheur? Et c'est là qu'est je crois tout l'intérêt de cet album, porter à la connaissance du plus grand public des faits qui ont rapidement été occultés par les autorités, mais aussi les victimes. Les auteurs, qui plus est, le fond avec intelligence, lucidité, émotion (mais non pathos) et, ce qui ne gâche rien, de l'humour.
Un album à mettre entre toutes les mains!
Un excellent article sur cairn (attention, c'est long...)
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