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"Lucio la regardait et, en la regardant, il oubliait tous ses tracas. Les noeuds serrés de son angoisse se relâchaient. il ne sentait plus dans son corps cette continuelle et vague tension. Son coeur prenait un rythme plus tranquille, le sommeil le gagnait tandis qu'il regardait sa chatte - un sommeil empreint d'une espèce de charme. La grandissait sous ses yeux, tandis que les contours rétrecissaient; il lui semblait les voir se rejoindre. Alors il devenait lui-même un chat semblable à Nitchevo. Il se couchait par terre à côté d'elle, lapant la même écuelle de lait, dans la chaleur réconfortante et sûre d'une chambre close où il n'y avait ni usine, ni contremaître, ni cette grosse femme blonde dont l'ample poitrine le hantait...

Nitchevo prenait son temps pour boire son lait. Souvent Lucio était endormi avant qu'elle eût fini. Il se réveillait quelque fois, sentant contre lui la chaleur de son petit corps. Il la caressait d'une main endormie et il sentait le long de son dos la vibration douce, douce, de sa colonne vertébrale pendant qu'elle ronronnait. Elle grossissait, ses flancs s'arrondissaient. Bien sûr, ils ne se faisaient pas de déclaration d'amour, mais ils comprenaient l'un et l'autre qu'il y a vait un contrat entre eux qui durerait la vie entière."

 

Malédiction, In La statue mutilée de Tennessee Williams; Texte trouvé dans le petit recueil Le goût des chats, (Le petit Mercure. 2007) dont je vous parlerai bientôt.

 

Sur une idée de Chiffonnette

 

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Tag(s) : #Citations et extraits
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