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Je participe pourl a première fois à l'atelier d'écriture de Gwenaelle. Cette fois-ci, le thème est assez original: une femme se réveille dans un corps d'homme... à nous d'imaginer la suite. Plus de détail ici.

Voilà ce que cela donne pour moi. C'est un peu n'importe quoi, mais bon.

 

 

Oh putainputainputainputain.

C’est pas possible. C’est un cauchemar. Je vais me réveiller. Je me précipite vers la salle de bain – du moins j’essaie – mais avec les draps enroulés autour de mes jambes (arghhh tous ces poils noirs et frisés… Eurk) je me casse à moitié la figure du lit. Je me dégage tant bien que mal, et court à la salle de bain (oh mon dieu ce truc qui se balance entre mes cuisses, j’en frémis). Mais arrivé (je peux laisser mon « e » d’adjectif accordé au genre féminin, ou je suis obligé(e) de l’abandonner ?) devant le miroir, pas de doute. Je suis un mec. Au crâne rasé. Dites-moi qu’il est rasé et que je ne suis pas, en plus, chauve !

Mes yeux se posent sur la tablette du lavabo. Où est passé tout mon maquillage ? Et mes crèmes ? Mon Issaya, à 250€ le pot ! Tout a disparu.

Je tends la main vers le meuble miroir pour l’ouvrir (oh cette main …énorme, et ces poils !), et je n’y trouve que des trucs de Mâle : crème à raser, déo d’une marque que je ne connais pas (Dieu merci, je ne fais pas partie des blaireaux qui mettent du Axe), rasoir etc. je referme la porte et me retrouve devant mon reflet. Maintenant que l’effet de surprise est passé, je me regarde plus en détail. Mes yeux ne sont plus bleu-vert, mais marron clair, les sourcils plutôt fournis mais pas broussailleux ; j’ai un visage à l’ossature forte, un nez droit et un peu fort aussi. Hmmm. Je suis plutôt pas mal en fait. Je dois faire du sport car je suis musclé. Mouais. Tout à fait mon style quoi. Oh mais non, je suis un homme, je devrais logiquement aimer les femmes, vu que je suis hétéro. Mais non, je ne pourrais pas être lesbienne : j’aime les hommes. Oh bon sang !

Je retourne dans la chambre et ouvre le placard. Consternation : que des costumes noirs. Tous coupés à l’identique, tous ennuyeux. On se croirait dans le dressing de Mr Bean. Ah, une touche de folie : un costume gris. Bon point pour moi (enfin, mon moi masculin, quoi) : tous ces costumes sont de la meilleure qualité, tous viennent de boutiques de grands couturiers. Donc, j’ai du fric. Heureusement en ouvrant l’autre porte du placard, je tombe sur ma garde-robe « relax » et prend un jean et un polo. Oh le plaisir de ne pas avoir à se tortiller pour rentrer dans le jean. Ah oui, ça, ça me plaît, de ne plus avoir à faire des régimes, ne plus regarder à regret un beau petit pantalon et savoir d’avance qu’on ne pourra pas le mettre, sauf à friser le ridicule. Mais devoir s’habiller toujours pareil, c’est un peu cher payé quand même.

Il faut que je trouve ce que je fais comme boulot. Je dois bien avoir une sacoche ou un truc du genre. Je n’ai jamais fait attention à ce que portaient les mecs pour aller au taf. Je me dirige vers le salon.

Alors que la chambre ne me paraissait pas différente de celle dans laquelle je m’étais couchée (ahah ! là, je le garde mon « e ») toujours claire, dans des tons neutres de beige et taupe, le reste de l’appartement est différent. Résolument masculin. Et moderne. Je n’aime pas du tout ce style ultra moderne, ultra design. Froid et impersonnel. Du noir, des chromes et du blanc partout : cuisine de chef (bon ça, je ne vais pas m’en plaindre), salon lumineux mais terriblement…vide malgré ses meubles et bibelots de designers. Rien à voir avec le côté cosy et chaleureux de ce que j’en avais fait en tant que femme. Il faut cependant bien l’avouer, tout est en meilleur état (ce que je ne pouvais me permettre comme travaux faute de budget, mon nouveau moi a pu le faire). Mais quand même, je ne mets pas du Axe, mais je me fais l’impression d’être à l’autre extrême : le m’as-tu-vu friqué. Tu vas voir que je vais trouver dans le garage une de ces bagnoles de gigolo, décapotable, clinquante, et rapide. Tout ce que je déteste.

Je soupire. De l’autre côté du couloir, ce qui était mon petit espace de création est en fait un bureau. Là encore, meuble design, ordinateur ultra moderne. Noir et blanc. Quel rasoir ce mec! A droite, une bibliothèque et des bouquins de…. finance ! Alors là, je tombe des nues. Comment moi, enfin lui, non moi maintenant…argghhhh. Bref, comment ce truc que je suis devenu peut-être un as (non parce que vu la gueule de l’appart, c’est sûr, je suis bon(ne) dans ma partie) en finance ? Tout ce que je sais calculer normalement, c’est les réductions pendant les soldes !!

Bon, alors. Je suis quoi ? Trader, avocat fiscaliste ? Je trouve dans un tiroir du bureau des cartes professionnelles très classes. Je ferme les yeux un bref instant, j’ai le cœur qui bat. Je crois que j’ai un peu peur de savoir. Prenant une grande inspiration, je lis enfin ces mots : Richard Carter, Chief Finance Officer, Strichmount Corporation

Incroyable, je bosse dans la même compagnie…que moi ! Mais au lieu d’être à la communication en tant que créatrice, je suis directeur financier. Oh. Ca c’est boooon. J’ai fait la nique à ce connard, cet ambitieux de Stanley Hickie, qui visait le poste depuis des mois. Ah rien que pour ça, c’est génial d’être ce nouveau moi.

 

 

Tag(s) : #Arts et Lettres
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