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Thérèse Raquin est le premier grand roman d'Emile Zola, il a 27 ans. Ce roman a d'abord paru en feuilletons dans un journal et Zola a eu l'habileté d'effectuer un découpage tel qu'il a suscité la curiosité et l'engouement des lecteurs. La publication de ce roman est un succès d'estime et de scandale. Un succès d'estime, car très bien accueilli par ses nombreuses amitiés littéraires et artistiques, et un scandale, car cet ouvrage est considéré comme de la "littérature putride", de ne décrire que des scènes obscènes. On traite l'auteur de Thérèse Raquin d'un "misérable hystérique qui se plaît à étaler des pornographies". 
  
 Zola considère le romantisme  « démodé » et poursuit le but d'une littérature scientifique qui « obéisse à l'évolution générale du siècle »  ainsi qu’il l’explique dans Le roman Expérimental. En 1866 au Congrès scientifique de France, Zola fait le rapprochement entre roman naturaliste et épopée. Influencé par Hyppolite Taine, il applique, en effet, la fameuse démarche critique de celui-ci : " la race, le milieu, le moment et la faculté maîtresse". Zola applique ce protocole à la technique romanesque qui devient alors une « étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances », comme précisé dans la seconde préface de Thérèse Raquin. Il parle alors pour la première fois d’écrivains naturalistes comme constitutifs d’un groupe distinct des autres écrivains de l’époque. Le naturalisme consiste en fait en la recherche des causes du vice dans l'hérédité. Pour l’auteur le naturalisme donne la vision la plus objective qui soit de la réalité. L'école naturaliste prétend appliquer à l'étude des réalités humaines la méthode des sciences expérimentales et s'attache surtout à peindre les milieux populaires et même les bas-fonds.

Récit d’une passion qui se heurte aux instincts primitifs, le drame de Thérèse Raquin se situe au coeur des préoccupations naturalistes. De nature emportée et de tempérament nerveux, Thérèse succombe à la puissance bestiale de Laurent, au tempérament sanguin. Leur liaison les mène inéluctablement au meurtre de Camille, l’époux de Thérèse. Les deux finissent par se marier, mais ne peuvent plus vivre leur passion. En effet, chacun vit et revit le meurtre, le fantôme de Camille ne cesse de les hanter. La mère de ce dernier, Madame Raquin, qui vit avec le couple, comprend bientôt ce qui s’est réellement passé. Dans ce huit clos étouffant, des êtres guidés par leur seul instinct, sans véritable libre arbitre, se retrouvent totalement victimes de leur forfait. Ainsi, c'est la névrose et l'hystérie de Thérèse qui tiennent le rôle principal. Son existence est réduite aux fluctuations de son tempérament: nerveux au point d'être hystérique. Enfermés dans leur culpabilité, ils ne trouvent d’échappatoire que dans le suicide, sous le regard satisfait de la mère de Camille.

Zola expose dans sa préface qu’il a « choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. Thérèse et Laurent sont des brutes humaines, rien de plus. » Attaqué par la critique, il se défend en expliquant qu’il s’agit d’un roman scientifique, qui décrit et analyse les errements de ses personnages. « J’ai cherché à suivre pas à pas dans ces brutes le travail sourd des passions, les poussées de l’instinct, les détraquements cérébraux survenus à la suite d’une crise nerveuse. Les amours de mes deux héros sont le contentement d’un besoin ; le meurtre qu’ils commettent est une conséquence de leur adultère, conséquence qu’ils acceptent comme les loups acceptent l’assassinat des moutons ; enfin, ce que j’ai été obligé d’appeler leurs remords, consiste en un simple désordre organique, en une rébellion du système nerveux tendu à se rompre. L’âme est parfaitement absente, j’en conviens aisément, puisque je l’ai voulu ainsi. »

Si Zola est un auteur naturaliste, il est également un écrivain impressionniste. En effet, Zola a beaucoup fréquenté les peintres impressionnistes et notamment Manet, qui le peint ici, et ses descriptions montrent qu’il cherche à rivaliser en quelque sorte avec eux. Ses descriptions de lieux sont des « clairs obscurs », tout en ombres et lumières qui participent de la montée de la tension. Lorsque Thérèse arrive à la boutique, elle semble entrer dans une fosse. On le ressent rien qu'à la description du lieu.

Thérèse R est le livre par lequel j'ai découvert Zola. Il m'a beaucoup marquée, par sa noirceur, par ses personnages violents dans leurs comportements et dans leurs pensées. Par sa fin tragique, mais logique aussi.

Tag(s) : #Ma bibliothèque, #coups de coeur
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