
Voilà un film qui sait allier humour, une certaine tendresse, engagement, tension dramatique etc. Clint Eastwood, râleur et grogneur campe magnifiquement Walt, homme aigri, mais qui n'attend qu'un peu d'intérêt désintéressé pour s'ouvrir aux autres.
Il y a certes de nombreux reproches que l'on peut faire à ce film. Les ficelles sont parfois un peu grosses, le retournement psychologique rapide. Pour autant, si il y a une certaine prévisibilité, Eastwood a le mérite de poser de nombreuses questions autant sur l'Amérique, ses banlieues, les rapports qu'entretiennent ses différentes composantes ethniques entre elles, que sur lui-même, et ses personnages (dans ce film, et ses précédents métrages) jamais tout blancs ni tout noirs. Il pose à la fois un regard désenchanté, amusé et tendre sur son Amérique, et sur ses mythes: ses soldats, ses Dirty Harrys etc etc.
Il alterne magistralement entre moments d'humour avec notamment les réparties hallucinantes avec le barbier d'origine italienne, et scènes glaçantes où la Mort semble roder tout près (par exemple dans la scènes avec les trois Noirs). Dans certaines scènes, la lumière et l'ombre jouent un rôle prépondérant, donnant un aspect crépusculaire au personnage de Walt. Rappelant, avec son visage squelettique, qu'il n'est plus qu'une sorte de mort vivant, attendant la mort en buvant des bières sous son porche avec sa fidèle Daisy, grognant à qui mieux-mieux contre les uns et les autres, tous des bons à rien. Mais l'amitié désintéressé de ses "faces-de-citrons" de voisins va redonner un certain sens à son existence.
Un film qui débute par un enterrement et se termine sur un autre (ou presque). Plein de sagesse, d'espoir, mais aussi de réalisme. Un gros coup de coeur!
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